LE SERPENTÀ PLUMES
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Gel

30/4/2017

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En ce moment, je ne vais plus sur Facebook. C’est trop triste.
 
Quand nous avons vu les bourgeons de vigne gonfler avec un mois d’avance, les voisins nous ont rassuré : « ne vous inquiétez pas, ça peut rester comme cela plusieurs semaines ». Nous n’avions pas fini d’attacher et il nous restait une petite parcelle, gélive, à tailler. Il faisait vraiment chaud, début avril, et après un hiver sec, il avait enfin fini par pleuvoir. La nature est devenue incontrôlable : les lilas ont fleuri, le muguet tapissait les sols des forêts, les cerises précoces ont commencé à rougir. La vigne a poussé vite, nous avons couru après le temps et les anciens nous ont mis en garde : n’ébourgeonnez pas trop vite, attendez fin avril. Les gens ont commencé à nous parler de saints de glace et de lune rousse. Malheureusement, ils avaient raison. 
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Le temps a brusquement changé, nous avons rangé nos débardeurs et la crème solaire et avons ressorti doudounes et bonnets. Nous avons regardé la météo avec angoisse, surtout pour nos copains alsaciens, jurassiens, bourguignons et beaujolais. Nous nous disions qu’à Cahors nous ne risquions pas grand-chose.

Partout en France, les feux ont flambé dans les vignes, paille, chaufferettes, hélicoptère, chaque vigneron faisait ce qu’il pouvait. Parfois rien, car tout cela coûte cher, tout cela demande des moyens.
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Mais Cahors s’est réveillé gelé, le 20 avril, tout comme le Languedoc, la Loire et tous les vignobles français. Pas nous, à part notre petite parcelle gélive. Les hauteurs et le vent, ça a parfois du bon. Nous avons soufflé. Puis nous avons eu des nouvelles des copains. Et c’était triste à pleurer.
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Nous avons attendu la fin de la vague de froid avec angoisse : « ça va être pire la semaine prochaine », disait la météo. C’était vrai, car il a plu. La vigne gèle à -4°C au printemps s’il fait sec mais seulement à -2°C si le temps est humide.
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La gelée du 27 avril a été encore pire que celle du 20. Même sur les plateaux, beaucoup ont gelé. Mais nous avons encore eu de la chance. Nous sommes restés seuls, sur notre ilot perché, venté, au milieu de la fumée des bottes de paille, sains, saufs et quand même malheureux.
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Source : Aurélien Ibanez Images 

​Notre métier est beau, notre métier est fort. Mais nous sommes faibles face aux éléments. Nous pouvons tout perdre en cinq minutes. Ou tout garder, tout en voyant les vignerons à cinq cent mètres prévoir une petite récolte pour la deuxième année consécutive. C’est le prix à payer pour travailler avec le vivant. Nos vignes sont là, vigoureuses et belles, apaisantes. Nous continuons le travail de l’année, nous sentant un peu coupables et soulagés d’en avoir encore. Nous pensons aux copains qui vont devoir sauver les meubles, chercher des branches vaillantes pour tailler l’hiver prochain, vendanger un peu, ce qui reste.
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​Nous réfléchissons à tout cela en regardant le ciel s’assombrir lentement. Ce soir, l’orage est passé, la grêle annoncée n'est pas tombée. Sauvés, encore une fois. Le temps peut parfois paraître long, jusqu’à la récolte.
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- Maya -
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Vignerons et terroirs d'avenir

18/4/2017

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En ce début d'année, un événement très important s'est produit pour notre jeune domaine. Nous avons remporté le concours "Vignerons et terroirs d'avenir", organisé par Advini et Montpellier SupAgro.

Ce concours en est à sa deuxième édition. Son but : favoriser l'installation durable de jeunes vignerons sur des terroirs d'exception. À la clef, une belle dotation, à la fois financière et en jours de conseil.
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Quand, en novembre, Maya a reçu un mail de Montpellier SupAgro annonçant l'ouverture des inscriptions, nous nous sommes dit que c'était incroyable, et qu'il ne fallait pas laisser passer la chance d'être candidats. Installation durable, terroirs d'exception, ça ressemblait parfaitement à notre causse de Cahors. Le concours précisait vouloir préserver l’activité viticole sur des terroirs menacés par l’urbanisation et la déprise. Là aussi, nous avons reconnu le contexte de notre installation. 
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Nous avons donc pris le temps, malgré les journées chargées, de bien présenter notre projet, nos pratiques durables, notre ambition de mettre en valeur chaque terroir singulier de notre parcellaire. 

Premier succès : nous avons été sélectionnés pour être un des sept projets finalistes. 
​Nous sommes donc partis fin mars pour le dénouement. Deux jours sur la propriété d'Advini à Vic-la-Gardiole, le splendide domaine de Mas Neuf.
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Nous avons tout d'abord passé une journée entière à retravailler et peaufiner notre présentation orale, avec l'aide des cadres dirigeants d'Advini, des professeurs de Supagro et d'un groupe d'étudiants. Travailler sous pression, avec l'impression que tout reste à faire, c'est quelque chose qui ne me dérange presque plus après avoir bossé pendant 10 ou 11 vinifications. Mais là, honnêtement, c'était au-delà de ce que connaissais. Et ce, même s'il s'agissait "simplement" de présenter le plus clairement possible nos terroirs, nos projets et les ambitions que l'on pourrait faire éclore si jamais nous étions désignés. 

Le lendemain, nous avons présenté notre projet devant le jury, constitué de personnalités de la filière : Antoine Leccia, le président du directoire d'AdVini ; Thierry Desseauve, journaliste ; Stéphane Derenoncourt, consultant ; Hervé Hannin, directeur de l'Institut des hautes études de la vigne et du vin à Montpellier ; Jérôme Despey, représentant au conseil spécialisé vin France Agrimer ; Fabrice Sommier, sommelier du groupe Georges Blanc et meilleur ouvrier de France ; Jacques-Olivier Pesme, directeur de la Wine and Spirit Academy dans le groupe d'écoles de commerce Kedge ; et enfin Frédéric Berne, vigneron en Beaujolais et lauréat de la première édition.

Nous n'avons pas vu les présentations des autres candidats, mais pour les avoir côtoyés pendant deux jours, c'était évident qu'il y avait du niveau. Beaucoup de passion, de rêve. Beaucoup de sueur et de travail aussi, que ce soit un projet de réhabilitation de terrasses abandonnées depuis un siècle à Cornas ou des domaines en traction animale à Saint Joseph et dans les Alpes.
Il y avait aussi le projet de mon amie Anne-Laure Sicard, Mas Lasta, sur les terroirs gréseux de Saint Privat, en AOP Terrasses du Larzac. J'ai connu Anne-Laure en 2008, lors de mon premier stage à Pauillac. Comme moi, elle travaillait comme stagiaire dans un 1er grand cru classé du Médoc. Devenir vignerons nous paraissait être un rêve hors d'atteinte. 
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​Au bout de la journée de présentation et de la délibération du jury, c'est nous qui avons été désignés lauréats. Et avec ce premier prix, nous gagnons 50.000 € à investir dans notre domaine, plus une semaine de conseil !

Le projet de Pauline Mourrain et Laurent Troubat, l'Austral, dans l'AOP Saumur le Puy-Notre-Dame, a remporté le second prix, soit 30.000€ et trois jours de conseil. Pauline et Laurent ont repris quatre hectares de vignes du domaine de la Tour Grise, pionnier du bio et de la biodynamie. 

Enfin, un prix Accessit a été attribué à Pauline Chatin, pour la Vigne de Cocagne, à Fabrègues. Pauline va redonner vie à un domaine historique, menacé un temps par l'installation d'un centre de traitement des déchets puis repris par la municipalité, pour en faire une exploitation viticole d'insertion sociale et professionnelle, en lien avec l'association des Jardins de Cocagne. 
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C'est une immense fierté que notre petit domaine ait été désigné, au sein des six autres projets, et au-delà, parmi le fourmillement actuel d'installation ambitieuses, en reprise familiale ou hors-cadre, partout en France, et qui fait souffler un vent de renouveau dans le vignoble. Les conseils et la bourse vont nous permettre d'aller plus loin dans nos rêves, et d'investir pour faire des meilleurs vins. Pour commencer, s'équiper d'une cuverie permettant de vinifier et d'élever chaque parcelle à part. Peut-être aussi lancer, plus tôt que prévu, le projet d'une petite cuvée de blanc...


Dans tous les cas, ce concours est une opportunité fabuleuse. C'est une possibilité sans équivalence de réfléchir à son projet, de le faire mûrir pendant la journée de préparation, de prendre du recul sur son travail et sa façon de le présenter. Quant au premier prix, ce sera un coup de pouce sans précédent.

Nous avons aussi été très entourés, pendant ce concours. Par nos proches, évidemment, qui nous ont soutenus et encouragés, mais aussi et surtout par toute l'équipe organisatrice, Advini et Montpellier SupAgro. Des élèves sont venus nous rendre visite à Cahors, dans un premier temps, puis les professeurs et le comité exécutif d'Advini se sont relayés lors de la journée de préparation afin de nous aider à donner le meilleur de nous-mêmes. Nous avons été reçus royalement au Mas Neuf et à Paris pour la remise des prix. L'aspect humain dans ce concours est essentiel. Nous gardons de ces moments des souvenirs très forts et joyeux. 

Je sais que nous sommes lus par d'autres jeunes vignerons, et par des personnes qui cherchent à s'installer à leur tour. À vous, je vous conseille vivement de suivre les prochaines éditions du concours, et de participer ! 
​
Nicolas

​Lien vers le site du concours : ICI
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Un hiver passé dehors

18/4/2017

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Je n'ai pas vu l'hiver passer.

Pour commencer, début décembre, nous avons officiellement signé, chez le notaire, la reprise de 6 hectares de vignes. C'était prévu depuis le début. Sept hectares en tout, ça fait des vignes à tailler ! Surtout que nous prenons le temps de bien faire les choses, par exemple nettoyer les pieds, ou bien éborgner quelques bourgeons sur la baguette pour mieux étaler la végétation.  
Bilan : nous avons passé l'hiver au grand air, avec le bonheur de travailler dans les vignes quasiment tous les jours. Des journées où il fait trop mauvais pour sortir, il y en a finalement très peu. S'il fait froid, on rajoute un pull, voire deux. S'il pleut un peu, on met un imper et on va tirer les bois. Et s'il pleut beaucoup… bon, d'accord, on se sert une tasse de thé vert et on reste travailler à l'intérieur.
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La taille Guyot Poussard se met en place doucement. Sur la parcelle de Bois Grand, que nous taillons pour la deuxième année, l'architecture des ceps devient plus évidente. Sur la grande majorité des pieds, on retrouve bien un courson de chaque côté, et la baguette au-dessus. Quand on arrive à tailler un pied comme sur la photo ci-dessous, on est heureux. C'est simple. Le flux de sève du courson restera indemne, les coups de sécateurs se feront sur le dessus.
L'année dernière, j'avais promis de faire un essai et de comparer avec la taille Guyot "normale". Malheureusement, nous en avons été incapables. Tailler sur deux coursons nous est devenu tellement logique et tellement automatique, que se glisser dans un autre système de taille, tirer une baguette au lieu de faire un courson, n'est quasiment plus possible. 

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A force de s'appliquer, nous avons quand même dû, en voyant début mars le printemps pointer le bout de son nez, faire appel à des saisonniers pour une semaine ou deux, histoire de finir le tirage des bois sereinement. Pas de regret. Ce temps que nous choisissons de passer à la taille, je suis sûr qu'on le récupérera en saison. Si les baguettes sont bien aérées, nous pourrons peut-être faire un effeuillage plus léger, voire s'en passer.

A part ça, nous nous sommes officiellement engagés pour la conversion en biodynamie, avec le cahier des charges de Demeter. C'est vraiment un sujet très vaste, la biodynamie, et qui appelle des conversations qui peuvent être riches et denses. Mais dans tous les cas, c'est une démarche qui me plaît par ce qu'elle demande d'observation, d'essai, d'expérience personnelle. Questionner les pratiques et les outils, prendre de la hauteur. Parfois la compréhension passe par le symbole, l'allégorie, plutôt que par la rationalisation, et pour des jeunes gens cartésiens comme nous, ça fait du bien de changer de mode de pensée.
Notre première action d'aspirants, ça a été d'introduire les préparations biodynamiques dans notre tas de fumier en train de composter. Les journées précédentes avaient été plutôt répétitives : tailler, attacher. Tout d'un coup, nous nous sommes retrouvés dans un tas de fumier frais, avec des préparations en petits pots de verre, pour ensemencer cette fertilisation en micro-organismes. Plutôt que de penser à un seul pied de vigne, nous passions soudainement à la faune et à la flore des sols de nos parcelles.

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En parlant de faune, nous réfléchissons aux façons d'amener près des parcelles des espèces qui nous seraient utiles pour réguler des ravageurs. Je pense par exemple aux mange-bourgeons, des larves de noctuelles ou de boarmies, qui font des dégâts très frustrants au printemps. Les escargots font aussi une belle razzia sur les bourgeons à peine débourrés.

Le plan, c'est que ces larves et ces papillons servent de repas à d'autres espèces. Comment nous comptons nous y prendre ? Déja, nous laissons pousser de l'herbe pendant l'automne pour héberger des insectes prédateurs et des araignées. Avant de s'installer à Trespoux, nous avions aussi l'idée de planter des haies, des arbres, mais ici les vignes sont entourées de forêts de petits chênes opiniâtres, de haies de cornouillers et d'églantiers, bref, de ce côté-là, la nature fait bien les choses et les alentours ne manquent pas de refuges pour la biodiversité. Mais nous allons tout de même donner un petit coup de pouce en installant cette année des abris à chauve-souris, et l'année prochaine certainement des abris à passereaux, confectionnés avec soin dans l'atelier du paternel. Les papillons de nuit et les escargots n'ont qu'à bien se tenir...

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un bourgeon vidé par une chenille
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abris à chauve-souris
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bébés araignées affamées de papillons

​Et le vin ? Il s'est un peu réchauffé, mais pas de trace de malo. Patience, patience.
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A présent, le printemps avance à deux cents à l'heure. La vigne a débourré, étalé ses premières feuilles et les bourgeons floraux sont partout bien visibles. Les lilas ont fleuri avec deux semaines d'avance, et les nombreux iris, au pied des murets de pierre sèche, sont aussi très précoces. Dans les sous-bois, le muguet est sorti depuis début avril. Tôt, trop tôt, et il y a toujours un ancien pour se rappeler l'année où c'est arrivé, et où ça s'est mal passé.
​D'ailleurs, cette semaine, la météo annonce plusieurs nuits de froid, avec des températures négatives. Et la vigne va peut-être geler. Beaucoup, un peu, pas du tout ? Nous allons croiser les doigts, pour nous sur les plateaux et pour les autres, dans la vallée et partout ailleurs en France. 

​​
Nicolas
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