LE SERPENTÀ PLUMES
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Théorie des prix psychologiques

26/8/2015

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Nous voilà de retour dans le Sud-Ouest. Le temps est beau et chaud, sans être brûlant. Les raisins ont reçu plusieurs pluies d'affilée à la mi-août, alors que la sécheresse commençait à inquiéter. La récolte à venir semble assez abondante. Bref, tout semble se passer correctement dans les vignes. D'ici quinze jours les vendanges commenceront et les vignerons seront bien occupés. Nous allons mettre à profit ces deux semaines pour reprendre les recherches là où nous les avions laissé en juin.

Le milieu vigneron aime rester secret lorsqu'il s'agit de ventes de vignes, ou encore pire, de la totalité d'un domaine. Souvent, on n'en parle que lorsque c'est fait. Il y a chez les vendeurs beaucoup de gêne, sans doute de la pudeur en réalité, à avouer frontalement : "oui, je veux vendre". 
Cet après-midi, le responsable d'une agence immobilière nous confiait sa difficulté de travailler avec des vignerons, la plupart exigeant une confidentialité absolue, compromettant forcément le travail de recherche d'un acheteur.
Au fil des visites, nous constatons que nous sommes bien renseignés, et plutôt au courant de la situation dans le vignoble. On nous fait des confidences ; on nous parle de tel voisin, qui pense à la retraite ; de tel autre, qui ne se fait pas payer ses fermages et voudrait bien changer de locataire. De notre côté, nous n'avons aucune info à donner, et surtout pas qui, où, à quel prix. Par réflexe, nos interlocuteurs nous posent parfois des questions précises ; voyant que nous esquivons, ils n'insistent pas.
Dans ce contexte, il n'est pas possible de parler dans ce blog de ce que nous visitons, ni de ce qui nous a plu. Des photos de domaines ou des anecdotes précises, il n'y en aura pas. Mais nous pouvons évoquer des tendances que l'on peut retrouver aux quatre coins du vignoble.

Ces derniers jours, je suis interpellé par une démarche que nous avons rencontrée à plusieurs reprises : l'établissement de prix très éloignés des prix du marché. Je vous la fait courte : le prix des vignes est assez bien connu dans la zone, notamment grâce aux moyennes calculées par la SAFER sur les transactions effectivement constatées. Ces organismes, placés sous le contrôle de l'Etat pour contrôler les achats et les ventes de surfaces agricoles, vont même jusqu'à publier le prix des terres sur un site dédié. Ce prix des terres agricoles est très étroitement corrélé à la valeur de vente des vins. Le prix des maisons est également assez bien documenté, et il est facile de les évaluer, au moins grossièrement. 
Malgré cela, nous rencontrons des propriétaires qui, comme base de négociation, demandent entre cinq et dix fois le prix du marché pour leur bien. Alors certes, lorsqu'il s'agit de la vente d'une entreprise, avec des stocks, des clients, une marque, le calcul se complique. Mais ici, je parle réellement de vignes nues, ou de biens dont le prix se calcule sur la seule valeur du foncier. 

Comment ces prix sont établis ? Je pense que les mécanismes suivants sont à l'oeuvre.
Tout d'abord, une part importante des vignerons de Cahors commercialise le vin en vrac. Or, le cours du vin en vrac est trop bas pour couvrir ses frais d'exploitations et assurer un revenu décent. Beaucoup d'entreprises sont en réalité déficitaire. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet ; nous le développerons dans un prochain billet. Après de nombreuses années à travailler sans gagner sa vie apparaît la pensée, plus ou moins consciente de se dire "j'ai fait des sacrifices, maintenant ces efforts doivent être récompensés ; je le mérite". C'est une des attentes majeures placées dans cette vente.
De plus, cette entrée d'argent ponctuelle devra s'ajouter à la pension agricole pour vivre sa retraite. Ces pensions sont généralement très basses ; le système des retraites agricoles est particulier mais je ne vous noierais pas sous les détails. En outre, la somme d'argent issue de la vente de la ferme servira également, à court terme, pour acheter une maison où vivre. Enfin, je pense que l'attachement très fort à sa terre, dans la famille depuis longtemps, rend absurde l'idée d'une comparaison avec le prix des autres terres.
Tout cela amène construire un mythe : celui de l'arrivée d'un investisseur (anglais, chinois, parisien,...), qui paierait rubis sur l'ongle et pour qui les notions de rentabilité et de retour sur investissement seraient tout à fait secondaires. 
Je comprends ces mécanismes, et mon propos n'est pas de les juger, surtout depuis ma position de potentiel acheteur. Cependant, je suis obligé de faire le constat que, dans des cas bien précis, des domaines sont à vendre depuis longtemps, mais leur reprise est rendue impossible. Au détriment de tous, y compris du cédant.


Fort heureusement, ce problème n'est pas général. Il y a bien des vignes qui se vendent, des domaines qui marchent et qui s'agrandissent, et même quelques nouveaux venus qui s'installent. Un jour, bientôt peut-être, nous en ferons partie !

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Nicolas
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Quitter l'Alsace

20/8/2015

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Ça y est, c'est fini. Nous avons tout rangé dans des cartons, demandé aux copains de venir nous aider à charger un camion de location, et nettoyé méticuleusement notre appartement de Kaysersberg. Merci à tous ceux qui sont venus ce samedi nous donner un coup de main : vous avez réussi à transformer la corvée en moment joyeux.
Une journée de route plus tard, nous voilà dans les forêts du Périgord noir.
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la fin d'une partie de Tetris géante.
Je suis content de démarrer un nouveau chapitre de ma vie, mais malgré tout c'est certain que l'Alsace me manquera. 
J'ai aimé l'Alsace pour cette identité si forte, qui nous dépaysait parfois. Je pense par exemple aux drapeaux tricolores aux fenêtres lorsque l'on fête une Armistice ou le 14 juillet, aux traditions gastronomiques qui jalonnent l'année, à la concentration démentielle des sentiers dans les Vosges. Evidemment aussi aux Alsaciens, qui une fois la glace brisée, font sans façons une place dans leur groupe, avec une franchise désarmante et une générosité rare. 
Enfin, le plus passionnant de l'Alsace, c'est cette communauté de vignerons, étonnamment large par rapport au reste de la France, qui tracent leur chemin en bio, en biodynamie, en nature, en vins libres, en conventionnel aussi parfois, qui partagent leurs expériences et qui se serrent les coudes. Un travail en commun de longue haleine, admirable, et qui porte ses fruits car aujourd'hui plusieurs visions du vin d'Alsace coexistent au sein même de l'AOC. Professionnellement, c'est passionnant.

Il y a deux ans et demi, lorsque j'ai annoncé à mes amis que je partais pour Colmar, les réactions étaient de deux types, et l'on pouvait les classer simplement. Ceux qui avaient déjà vécu en Alsace étaient enthousiastes et heureux pour moi. Les autres étaient plus réservés. Je rejoins donc à mon tour le club des initiés prêts à s'acheter n'importe quand un billet de train pour Colmar ou Strasbourg.
Nicolas

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Le domaine de M.

7/8/2015

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Nous passons quelques jours chez M., une amie à moi qui travaille également dans le vin. Depuis deux ans elle essaye, elle aussi, d'acheter un domaine. Elle habite loin d'ici, de l'autre côté d'une frontière, et pourtant nos expériences et ressentis sont extrêmement proches, à la veille de l'installation. 
Elle nous raconte la difficulté à connaître les domaines à vendre. Le monde du vin a ses secrets et celui-ci est d'importance. En général, les vignerons qui vendent n'aiment pas que leurs voisins soient au courant. Pour le potentiel acheteur, il est souvent compliqué de savoir comment s'y prendre : s'adresser à son réseau de connaissance ? à des agences ? Ou, comme nous avons décidé de le faire, publier des annonces pour que les acheteurs puissent nous contacter directement. M. est surprise, impossible d'imaginer cela ici.
Elle nous parle ensuite de ses hauts et ses bas à elle. Tous ces domaines qu'elle avait trouvés, aimés, pour lesquels elle s'est investie, les visites, les accords, les discussions et les rêves. Et puis rien. C'est notre lot à tous, acheteurs comme vendeurs. Car nous savons aussi que c'est la même danse de l'autre côté du miroir. Quand on vend le domaine familial, quand on veut une transmission avec du sens, quand on est malade et que l'on cherche à protéger sa famille… et que les espoirs de repreneurs sont brisés une fois, deux fois, trois fois, c'est terriblement difficile. Nous en avons discuté avec des vignerons qui cèdent leur domaine et ils sortent parfois (souvent ?) de ce parcours assez désenchantés.
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Nous abordons le sujet du prix aussi, bien sûr. Nos analyses, là aussi, convergent : le prix de vente est souvent très éloigné du prix du marché et donc de nos bourses respectives. Il y a tout un tas de raisons à cela, bonnes ou mauvaises, ce n'est pas ici mon propos (ça l'est dans ce billet) mais cela bloque souvent l'installation des jeunes "hors cadre familial" comme nous. Des jeunes qui manquent souvent dans les vignobles et dans l'agriculture en général à l'heure où les repreneurs se font rares et les retraites nombreuses, des jeunes passionnés, motivés, engagés aussi, souvent, dans la voie du bio et d'une agriculture à taille humaine.

Puis, enfin, M. nous raconte le jour où tout bascule. Une rencontre, par des voisins d'amis, d'amis (ou quelque chose dans ce genre) et ça accroche parfaitement. M. trouve un vigneron prêt et désireux de céder son domaine, avec qui elle s'entend bien, qui partage sa vision des choses. Dans ces conditions là, tout va très vite, c'est simple et clair pour tous les participants. M. a commencé à travailler au sein du domaine dans un premier temps, pour les vinifications, une période de transition souhaitée par tous, pour s'assurer qu'ils ont fait le bon choix. Je lui souhaite une issue aussi lumineuse que son histoire.
 - Maya -
Je vous laisse sur des images de Lavaux, cet étonnant vignoble où passent les trains et poussent les villas, mais qui offre des vues spectaculaires sur le Lac Léman et sur les montagnes qui l'entourent.
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