LE SERPENTÀ PLUMES
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Loin du blog, près du cœur

13/12/2024

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Tant de temps depuis notre dernier mot ici !

Nous sommes encore là. Deux enfants et deux millésimes 2023 et 2024 vraiment difficiles à la vigne nous ont fait nous concentrer sur l'essentiel : nourrir, protéger, prendre soin, quoi ! Et souffler entre les coups de vents. Nous avons passé des jours sur le tracteur, dans les vignes, au bureau et surtout avec les petits, et pas beaucoup à écrire. Nous avons eu du mal à nous l'avouer mais le temps des longs textes sur le blog est derrière nous ; mais c'est temporaire, il reviendra, j'espère, bientôt.

Pour les nouvelles, Instagram a pris le relais. Maya partage le quotidien du domaine (et le sien tout court aussi) sur @domainelacalmette. Suivez son compte!


Dans le même temps, nos vins ont trouvé leur chemin jusqu’à vous, et quel chemin ! Vos retours, vos messages, vos partages autour d’une bouteille nous ont porté, plus que vous ne l’imaginez. C’est dans ces instants, à vos tables ou lors de vos visites, que tout prend sens.

On a encore mille choses à vous dire sur la viticulture en 2025. Sur nos projets de plantation. Sur un nouveau chai à venir, un jour, à Trespoux. Sur nos avancées dans la conduite de la vigne, sur le style des vins.  Le meilleur reste à venir.

Alors, merci d’être là, de suivre notre travail, de croire avec nous. On se retrouvera bientôt, ici ou ailleurs, pour vous parler de tout ce qui germe, pousse et se rêve encore.


Nicolas et Maya
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En préparant la mise

27/8/2022

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Il est 22h, vendredi soir et nous quittons enfin la cave après une semaine intense. Il y a comme un petit air de vendanges dans l’air. Ces moments où l’énergie prend le pas sur la fatigue, où l’on tient le coup malgré les longues heures et le travail physique, quand la nuit finit par tomber et qu’il reste tant à faire et que le chai avance comme un lourd vaisseau dans l’obscurité, bruyant et lumineux dans le silence.
Nous sommes hébétés mais heureux, chaque vin est soutiré, assemblé et prêt pour la mise en bouteille. La cave est propre, le sol mouillé, les foudres brossés, le matériel désinfecté. Et surtout, les vins nous plaisent, ils sont délicieux. Nous sommes fiers de nous et de notre équipe, nous avons bien travaillé.
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Nous préparons les mises en bouteilles de la semaine prochaine. C’est toujours l’aboutissement de longues semaines de travail, de joies et de doutes. Au départ nous goûtons tout, les cuves , les foudres et les barriques, pour décider ce que nous allons mettre en bouteille cette année et des assemblages. Viennent après les premiers soutirages et les assemblages en cave. Puis, une fois que nous connaissons (globalement) les quantités de chaque cuvée, chaque lot, nous commandons bouteilles, bouchons, capsules et étiquettes et cartons. Sans nous tromper, il en faut ni trop, ni pas assez, car nous ne pouvons pas manquer de bouchons ou de bouteilles à la mise, ça serait bien embêtant. Il faut aussi réserver une date avec le camion de mise, fournir le programme et donc le faire en amont, embaucher des extras pour le jour J et prévoir une nounou (merci les grands parents !) pour notre fille, car nous travaillerons de 7h30 à 19h ces jours là. Nous devons aussi présenter tous les vins à la dégustation de l’AOC Cahors pour leur donner le droit d’en être, ce qui est toujours dur et stressant pour nous car l’AOC nous y tenons, même si nous ne l’obtenons pas à chaque fois. Nous revenons ensuite en cave, avant la mise en bouteille pour soutirer les derniers lots, les cuvées parcellaires, le blanc et Ivres d’amour, vider les foudres et les barriques, les nettoyer soigneusement et les mécher.
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Puis il faudra tout ranger, partout, et trouver une place pour tout stocker, les bouteilles vides et les pleines, les cartons hors du chai, les pallox aussi car les vendanges arrivent et dans le cuvier nous devons faire place nette.
Et prier pour qu’il ne pleuve pas et qu’il ne fasse pas trop chaud, car la mise se fait dehors, une belle ironie pour nous qui scrutons le ciel depuis des semaines en espérant de l’eau.

Nous y sommes presque. J’ai hâte et j’ai peur. Je croise les doigts pour que tout se passe bien. Je chéris mon corps, pour qu’il tienne le choc, je repose mon esprit, car j’aurai beaucoup à penser les jours prochains. Je profite de chaque instant de joie, comme hier soir, bien à l’abri dans mon foudre, à le frotter, le remercier, le choyer et le respirer (ça sent si bon !), sans savoir si j’allais pouvoir en sortir tellement j’avais eu du mal à y rentrer, dans ce petit cocon tout frais après une journée écrasante de chaleur, ces moments suspendus, calmes où tout semble avoir du sens, nos vies et ce métier qui dur et si beau, que nous avons choisi.
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La Calmette radiophonique

15/7/2021

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J’adore la radio. Chez nous nous n’avons pas la télévision mais des voix m’accompagnent tout au long de la journée : podcasts dans les vignes, radio en voiture et à la maison.

C’est pourquoi nous avons été ravis et heureux quand France Bleu Occitanie nous a proposé de participer à l’émission La vie Gourmande en Occitanie. Nous y parlons de taille, d’engrais verts, des terroirs de Cahors et de nos vins. C’est court, vraiment super chouette et ça se passe ici : www.francebleu.fr/vie-quotidienne/cuisine/au-domaine-la-calmette-dans-le-lot-a-l-ecoute-du-terroir-1617002651
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Il y a plein de couleurs et de vie

29/4/2021

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La semaine dernière nous avons dressé la grande table sous le haut platane du jardin. Nous étions avec Nathan et Maxime, qui bichonnent les vignes avec nous toute l’année, et Laura et Roger qui sont venus nous prêter main forte pour dix jours de taille et l’attachage des vignes. Nous fêtions la fin des travaux d’hiver. On a ouvert des bouteilles de vigneronnes super talentueuses, parce que dans nos vignes ça parle souvent féminisme et qu’il faut bien mettre en pratique, les vins étaient délicieux, le repas joyeux. Il faisait bon, c’était beau, on était bien.
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Nous donnons peu de nouvelles depuis un an. Nous n’avons même pas eu le temps, l’hiver dernier, de parler de notre première étoile dans le Guide des Meilleurs Vins de France de la RVF (Revue des Vins de France). Pourtant nous étions très touchés et émus. Nous avons même été sélectionnés comme « coup de cœur » de l’année pour le Sud-Ouest, avec comme sous-titre « ces deux-là sont de futurs grands ». Et c’est vraiment fou, quand on y pense, pour un tout jeune domaine comme le notre.
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Depuis un an la Covid s’est invité dans nos vies et dans celle du domaine. De débordés nous sommes passés à… je ne sais même plus quel mot on peut utiliser passé ce cap, sous l’eau ? dans le rouge ? C’est dur en ce moment, je ne vais pas le cacher. C’est dur pour tout le monde et chacun boit un peu (beaucoup) la tasse à sa façon. Mais je n’ose pas vraiment parler de nos difficultés, qui sont bien dérisoires par rapport à tous nos collègues qui viennent de tout perdre, fauchés par le gel des dernières semaines, par rapport aux restaurants et bars à vins qui n’ont plus ouvert leurs portes depuis un temps bien trop long, par rapport aux étudiants, aux commerçants… Aux gens qui luttent, attendent, dépriment au quotidien devant le manque de perspectives, d’échanges, d’un petit bout d’espace bleu entre les nuages.
Nous avons fait ce métier car le vin c’est l’échange, la joie, c’est ce petit plus qui transforme un simple repas en fête. Nous avons envie de voir nos copains, de cuisiner, d’ouvrir des canons et de rire. Je sais, j’espère, que ça reviendra. Je suis optimiste, tout passe, même si c’est long, tout passe.
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Deux photos de soutien émotionnel :-)
Au domaine depuis un an, par manque de temps (et parfois d’énergie, tellement celle-ci doit être considérable les premières années), nous nous sommes concentrés sur les vignes et le vin. Nous sommes moins présents au bureau, quasiment indisponibles pour les visites. Mais je suis tellement heureuse et fière du chemin parcouru pour nos parcelles. Cela éclipse tout le reste.
Les vignes sont plus belles qu’elles ne l’ont jamais été. Nous fournissons un travail assez fou dans les vignes et ça se voit. Chaque pied est pris en compte et choyé. Nous faisons la plupart des opérations à la main, minutieusement, délicatement et dans le détail. Cela commence à la taille, où nous respectons les flux de sève, nous comptons chaque sarment que la vigne a pu porter pour lui laisser exactement le même nombre de bourgeons pour l’année suivante. Nous enlevons aussi un bourgeon sur deux sur la baguette, le long bois qui sert à produire le vin de l’année. Comme nous ôtons les bourgeons du dessous, lorsque nous attachons nous devons veiller à mettre la baguette exactement dans le sens qui a été pensé par le tailleur. Chez nous, ceux qui taillent attachent aussi, ce n’est pas possible autrement.

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Une baguette avec ses rameaux bien espacés : les bourgeons du bas ont été supprimés à la taille
En ce moment commence tout juste l’époque de l’ébourgeonnage, pour les 90% du vignoble qui n’ont pas gelé. Là encore, nous passons voir chaque pied et c’est comme une deuxième taille qui commence. L’objectif : enlever tous les rameaux qui ne serviront pas à la taille de l’an prochain, enlever les entassements et aérer le pied. Puis viendra le temps du relevage et l’accolage, quand nous « rangerons » chaque sarment à sa place, là encore afin que lors de la taille de l’année prochaine, les bois que nous voulons garder aient poussé dans la bonne direction.
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A gauche : avant ébourgeonnage - A droite : après ébourgeonnage
Mais je crois que ce qui rend nos vignes particulièrement belles cette année, ce sont les sols. Nous semons des engrais verts, c’est-à-dire des espèces végétales qui vont « nourrir » le sol, sur tous les rangs. Un des rangs nous sert pour cette année, nous le broyons tôt et il apportera surtout de l’azote pour les vignes. L’autre rang nous sert pour le futur, nous le laissons se développer pour le rouler cet été et nourrir les microorganismes du sol (vers de terres, champignons et bactéries) à long terme. Du coup, nos vignes sont vertes et fleuries, il y a plein de couleurs et de vie.
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Pendant ce temps, à la cave, le millésime 2020 s’élève doucement. Les vins de l’année dernière sont clairs et limpides, délicats et profonds. Je crois que c’est le millésime que je préfère jusqu’à maintenant. Il y a un beaucoup de la force et la facilité de 2017, avec quelque chose de résolument plus mature, de plus abouti. Je me plais à imaginer que c’est le travail aux vignes qui s’imprime dans les cuves. C’est cet équilibre du végétal (du sol, des plantes et de tout le vivant autour) que nous cherchons à atteindre et qui prend place peu à peu dans nos verres également. J’ai vraiment hâte de voir évoluer nos vignes et les vins pendant les prochaines années.

Il nous reste encore beaucoup à faire, de grands projets, comme celui de planter des parcelles, des arbres et des haies, de transformer nos granges en un chai beau et fonctionnel, de trouver quelques terres autour de chez nous pour planter sans doute autre chose que de la vigne. Cela tombe bien, il nous reste un peu de temps devant nous. Je vous tiendrai au courant.
- Maya -
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Ruée sur la piquette

16/1/2021

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Vous trouverez l'article de l'Obs dans la partie "Presse"
Pour l'achat, suivre ce lien

« Une vraie  piquette »
Ces mots infamants, ils font partie du bagage de l'amateur de vin. C'est la sanction ultime. Tout le monde connaît ces mots.
Pourtant, lorsque j'ai appris que la piquette n'était pas un mauvais vin, mais bien une boisson distincte, j'ai été stupéfait. Et fasciné.

​C'était la boisson des vendangeurs et des paysans, des manœuvres, des travailleurs de force. Celles des vignerons d'autrefois, pour qui le vin était une culture de rente, que l'on vendait pour faire tourner la ferme et gagner un peu d'argent ; la boisson du vigneron, c'était bien la piquette. 
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Dans les livres sur le vin et le vignoble, on trouve, souvent expédiée en quelques mots, la fabrication de la piquette : de l'eau passée sur les marcs de raisins frais. De cette façon, on obtenait un jus rouge, faiblement alcoolisé, avec ce marc qui est un sous-produit de la vinification.
Au début du XIXème, la piquette a pris un essor incontrôlé, notamment en Languedoc. En ajoutant de fortes quantités de sucre de betterave, arrivé du Nord de la France par chemin de fer, certains vignerons et négociants arrivaient à fabriquer un succédané de vin, parfois même sans utiliser de raisin du tout. Mais ces techniques amenèrent vite le vignoble vers la surproduction et vers la crise. C'est une des causes des révoltes vigneronnes de 1907.
Le gouvernement trancha : la piquette fut interdite en cette même année.

Pour le mieux, sans aucun doute. Mais la boisson disparut peu à peu. Dans les années 50-60, on pouvait encore en boire un peu, en famille, pour les foins, les moissons ou les vendanges. Mais depuis, fini. Comme l'écrit Guy Debord :
"On n'avait jamais imaginé que l'on pouvait voir des boissons disparaître du monde avant le buveur"  (1)
C'est ce qui s'est passé avec la piquette.
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La curiosité pour cette boisson disparue, que jamais aucun de nous deux n'avait eu l'occasion de gouter, ne nous a jamais quitté.
C'est pour cela qu'avec nos premiers raisins, en 2016, Maya et moi avons immédiatement décidé, au décuvage de notre cuve de Malbec, de brasser une petite cuve de piquette. Pas grand chose : une quarantaine de bouteilles, pour la découverte. Pour nous et nos meilleurs copains.

C'était délicieux. Rustique bien sûr, mais rafraichissant, léger, parfumé. Un vrai bonheur. 

On a tout bu.
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Quand nous avons su que la loi de 1907 avait été abrogée, que la fabrication n'était plus interdite, nous nous sommes lancés. Les douanes ont été un peu surprises, mais elles nous ont laissé faire. Et nous voilà fabricants de piquette, comme une poignée de vignerons français.

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Nous avons perfectionné la recette en 2017 et 2018, en suivant notamment les conseils de Jean Pierre Rietsch, à Mittelbergheim, dont la piquette de pinot noir (la cuvée Bubri) a une  célébrité certaine. 
Notre Malbec, acide et coloré, est un raisin parfait pour la piquette. Nous n'ajoutons pas de sucre, juste un peu de jus de raisin blanc de nos vignes. Et nous embouteillons sans sulfite, avec le gaz de la fermentation, parce que ça lui va bien.

A présent, nous embouteillons environ 300 flacons par an. C'est une micro-cuvée, expérimentale, destinée à un cercle d'amis, de clients amateurs et aussi de clients ruraux, souvent des personnes âgées des villages alentours, curieux de retrouver ce goût de leur jeunesse. Nous expédions quelques cartons au Japon à notre importatrice, mais pour le reste c'est une cuvée confidentielle, qu'on se recommande sous le manteau. 

L'article de Zazie Tavitian, dans l'Obs du 14 janvier, nous a remplis de joie. C'est une boisson qui mérite d'être redécouverte. Aux États-Unis, la mode revient : rafraîchissante et peu alcoolisée, la piquette sort des oubliettes et redevient moderne.

Mais notre mini stock de piquette 2020 a été rapidement épuisé. Nous en ferons surement un peu plus l'an prochain, dans la mesure de notre petit domaine. 

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Et cette histoire de piqûre ? Cette boisson s'appelle piquette car elle se "pique". Étant peu alcoolisée et peu acide, elle tourne facilement vinaigre au contact de l'air (c'est alors la piqûre acétique).
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C'était surement courant il y a un siècle, avant la démocratisation de la commercialisation en bouteille, quand les vins (et les piquettes) étaient vendus en barriques de 225 litres. La piquette devait être bonne au début du fût. Mais à la fin ? Au bout de quelques semaines ? Elle devait être bien mauvaise... d'où la réputation infamante...

En bouteille, bouché avec une capsule, aucun risque. Vous pourrez attendre tranquillement les premiers jours de chaleur pour déboucher les vôtres. 
​​
Nicolas

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(1) La citation de Guy Debord est issue de Panégyrique  (1993) 
« La majorité des vins, presque tous les alcools, et la totalité des bières dont j'ai évoqué ici le souvenir, ont aujourd'hui entièrement perdu leurs goûts, d'abord sur le marché mondial, puis localement ; avec les progrès de l'industrie, comme aussi le mouvement de disparition ou de rééducation économique des classes sociales qui étaient restées longtemps indépendantes de la grande production industrielle ; et donc aussi par le jeu des divers règlements étatiques qui désormais prohibent presque tout ce qui n'est pas fabriqué industriellement. Les bouteilles, pour continuer à se vendre, ont gardé fidèlement leurs étiquettes, et cette exactitude fournit l'assurance que l'on peut les photographier comme elles étaient ; non les boire.


   Ni moi ni les gens qui ont bu avec moi, nous ne nous sommes à aucun moment sentis gênés de nos excès. «.Au banquet de la vie.», au moins là bons convives, nous nous étions assis sans avoir pensé un seul instant que tout ce que nous buvions avec une telle prodigalité ne serait pas ultérieurement remplacé pour ceux qui viendraient après nous. De mémoire d'ivrogne, on n'avait jamais imaginé que l'on pouvait voir des boissons disparaître du monde avant le buveur. »
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Atelier pierres sèches / Trespoux

11/8/2020

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Le Domaine la Calmette et l’association Maisons Paysannes s’associent pour une matinée de construction de murs en pierres sèches ouverte à tous, samedi 29 août.
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Ces murets, composante essentielle de nos paysages du Causse, bordent traditionnellement les chemins et les parcelles.  Ils permettent d'utiliser les pierres de la parcelle tout en coupant le paysage et en abritant toutes sortes d'espèces animales (hérissons, lézards ocelés, lézards des murailles, rongeurs, huppes fasciées...).

Depuis que nous sommes installés, nous souhaitons pratiquer une agriculture cohérente, intégrée au paysage, à la faune et à la flore mais aussi à l’histoire et aux traditions du lieu que nous habitons. Cette année, nous avons décidé de préparer une parcelle, voisine des Vignes Noires, afin de la planter dans quelques années. Il nous a paru tout naturel de séparer les rangs de vigne par un muret de pierres sèches et ainsi faire perdurer cette tradition si utile aux paysages et si agréable pour les yeux.

Jean Pierre Vermande, spécialiste en rénovation du patrimoine ancien et de la construction en pierres sèches, animera le chantier participatif. Nous vous attendons nombreux, joyeux et curieux.
 
Infos concrètes :
L'atelier se déroulera de 8h à 12h. Il est gratuit et ouvert à tous.
Prévoir gants, bonnes chaussures, vêtements de travail et chapeau (en fonction de la météo)
Rdv au bout du chemin de bois grand, 46090 Trespoux Rassiels.
Coordonnées GPS : 44.402228, 1.368253


Renseignements et inscription auprès de Jean-Pierre Vermande, 06 07 16 29 34 ou par mail : [email protected]

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Concordance des temps

24/11/2019

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Cette fin de semaine nous avons entonné toutes nos cuvées parcellaires 2019, relogé pour l’élevage Trespotz et le Serpent à plumes. Quand nous avons terminé la journée, nous avons éteint toutes les lumières et respiré un grand coup. Le chai était enfin calme, après deux mois de marathon.
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​Nous avons commencé les vendanges il y a deux mois. Tous les ans, nous mettons environ deux semaines à récolter toutes nos parcelles à la main. Je travaille avec l’équipe aux vignes et Nicolas s’occupe de réceptionner le raisin au chai. Réceptionner le raisin mais pas seulement, il faut aussi presser les blancs et le rosé pour Serpent à plumes, tout nettoyer, toujours, débourber, faire des remontages, bichonner nos levains indigènes, suivre les densité et bien tout noter dans la traçabilité (c’est moins sexy que de faire du vin, mais absolument nécessaire pour nous et pour les différents contrôles : bio, AOC, douanes, etc). A cette époque, le domaine est une vraie ruche, nous sommes vingt, ça discute et ça chante dans les vignes et ça nous fait un bien fou. On pense au moment où l’on va être seuls dans le brouillard froid, à tailler. L’agitation des vendanges nous manquera, même si la solitude a aussi ses charmes.
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Lorsque nous finissons de couper le raisin de la dernière parcelle nous sommes généralement soulagés : toute notre production est à l’abri et nous allons pouvoir nous occuper du futur vin à plein temps. Cette année, c’est du blanc que nous sommes allés chercher. Il pleuvait un peu, il faisait déjà froid en ce début octobre. Nous vendangeons tard à Cahors. 
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​Vient ensuite le travail du chai. C’est une partie mystérieuse de notre métier. Lorsque les gens pensent au vin, ils pensent à la récolte, mais le raisin ne devient pas vin une fois coupé, il reste encore toutes les vinifications, les remontages, les décuvages, les pressurages, et goûter, beaucoup, toujours, pour choisir les chemins à prendre. Tous les ans nous changeons, nous nous adaptons au nouveau millésime. Nous tâtonnons et nous doutons beaucoup. Nous discutons beaucoup, avec Nicolas, chaque choix est pesé, argumenté. Nous demandons souvent l’avis de Nathan, qui travaille avec nous et, cette année, d’Edouard, qui nous a rejoint pour quelques temps, avant de (peut-être) s’installer lui aussi. Parfois, les décisions sont évidentes et dans ce cas, nous ne perdons pas une minute. C’est un drôle de rythme, fait de lenteur et d’accélérations soudaines. Et de beaucoup, beaucoup d’heures passées au chai !
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​Le millésime 2019 nous a surpris. Avec la sécheresse de l’été, nous nous attendions à des jus acides, tanniques, concentrés. Nous avons redoublé de vigilance et travaillé les marcs avec énormément de délicatesse. Nous avons attendu longtemps, après la fin de la fermentation alcoolique, que les jus se posent, s’harmonisent, avant de décuver et de presser. Nous avons fermé les cuves et nous sommes armés de patience. La Butte Rouge nous a souri le 8 novembre. C’était le dernier décuvage de l’année, plus d’un mois après avoir cueilli les raisins, quitté les vignes et investi le chai.
Une fois les fermentations malolactiques finies, une belle surprise nous attendait : les vins sont délicats, élégants, élancés et juteux. Ce millésime nous plaît, il nous plaît beaucoup. 
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​Nous avons profité du relatif calme d’après vinifications pour mettre en bouteilles et étiqueter toutes nos cuvées. Ainsi, les vins de 2019 cohabitent avec les cuvées toujours en élevage et les vins en bouteille. Trois millésimes se croisaient ainsi dans notre cave, qui en barrique, attendant son heure, qui en bouteille, prêt à partir et qui, tout jeune arrivé, pas encore relogé pour l’élevage. 
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​C’est assez émouvant, ce travail du temps, cet enchevêtrement dans la vie des vignerons. Nous avons encore en cave des vins de notre premier millésime, quelques barriques, bonde de côté, que nous avons souhaité élever trois ans, ou plus, selon ce qu’elles auront à dire. En parallèle nous avons été semer, cet automne, une belle parcelle nue. Nous y avons mis quelques engrais verts pour la préparer et un jour, dans quelques années, la planter. Pendant qu’Alix fait ses premiers pas dans la cuisine, je ne peux m’empêcher de rêver que c’est elle qui en récoltera les fruits à pleine maturité, dans 25 ans. Car il faut penser au futur, lointain mais également proche, au millésime qui s’annonce, à la saison de taille qui va bientôt commencer. 
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​Et ce mois de novembre automnal, gris, pluvieux et triste, je l’aime pour cela. Il est un moment de pause, un croisement des époques, à la fois hors du temps et déterminant. Un mois central dans nos vies de vignerons.
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- Maya - 
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Les rayons de soleil

23/7/2019

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​Le mois de juillet s’achève, et avec lui la saison viticole. Tous les ans, nous guettons avec impatience l’arrêt de croissance de nos vignes, qui signe la fin de la course. Car en mai, juin et juillet, nous suivons tant bien que mal la pousse rapide de nos vignes : ébourgeonnage, épamprage, relevage, travail du sol, tonte des engrais verts, traitements et surgreffage. Nous sommes dans le rouge, sous l’eau, débordés. C'est le cas depuis cet automne depuis que nous avons eu une petite fille.
Photo : Nous considérons nos vignes proches de l'arrêt de croissance lorsque les deux feuilles du haut encadrent l'apex et en arrêt total lorsque l'apex sèche et tombe.
​Je reviens tout doucement dans les vignes depuis le printemps. J’ai pris mon temps, le temps de m’occuper de ce tout petit bébé, le temps, aussi, d’essayer de prendre soin de moi. La grossesse s’était très bien passée, d’un point de vue médical, et j’ai pu continuer à travailler à la cave jusqu’à huit mois (et faire les vinifications !) et au bureau jusqu’à la veille de l’accouchement. J’ai donc été particulièrement surprise d’être si mal après. Le retour dans la chambre d’hôpital, avec ma fille dans mes bras, je l’ai pris en pleine face, une vraie claque. J’avais l’impression d’être passée sous un train et que personne ne m’avait prévenue ou mise en garde. J’ai mis plusieurs jours à pouvoir me lever, plusieurs semaines à pouvoir marcher, aller jusqu’au bout du hameau. 
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Chemin des Coustalasses, au bout du hameau, 11 décembre 2018, avant de partir à la matérnité
​Le « quatrième trimestre » de grossesse, celui que l’on vit avec son bébé à l’extérieur, a été une vraie réalité pour moi. Il m’a fallu tout ce temps pour m’habituer à me tenir debout, à retrouver du muscle, à rentrer dans mes vêtements d’avant. Il m’a fallu quatre mois pour pouvoir retrouver mes chères vignes, mon autre bébé. Je l’ai vécu comme une grosse frustration. C’était vraiment dur.
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Pour Nicolas aussi, l’hiver a été rude. Je suis vigneronne, comme lui. Je passe du temps dans les vignes, je taille, j’attache, comme lui. Je suis aussi au bureau, au chai, comme lui. Nous faisons tout à deux et je n’étais plus là. A la place, je m’occupais sans discontinuer d’un petit être affamé, fatigué, dormant peu et criant beaucoup. Il voyait le retard s’accumuler et c’était comme écoper un bateau qui prend l’eau avec une petite cuillère. Il avait autant envie de passer du temps avec sa petite fille que moi dans les vignes. Et ni moi ni lui ne pouvions inverser les rôles. On nous avait prévenus, avoir un enfant c’est dur. Nous le savions, mais le vivre, c’est autre chose.
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​Il y a un terme, moderne, qui caractérise tous les changements qui affectent les parents après la naissance ou l’adoption d’un enfant, c’est la matrescence, une contraction de maternité et d’adolescence. Il a été prouvé que le cerveau (et le corps, dans le cas des mères) subit des modifications profondes, du même niveau mais beaucoup plus rapides que lors de l’adolescence. Cette vague là, la matrescence, m’a emportée. Mes centres d’intérêt ont changé, mes priorités ont changé, mon corps (mon premier outil de travail), mon sens du goût, beaucoup de choses ont changé. Je retrouve peu à peu l’équilibre. Evidemment, rien ne sera plus pareil. Il y a une petite fille qui occupe en permanence une partie de mon esprit. Elle est tout le temps là, elle me remplit et me manque en permanence et c’est presque impossible de se souvenir de comment c’était avant, un monde sans elle.
Notre rythme de vignerons a changé, nous prenons plus de temps pour notre famille, nous nous arrêtons enfin le week-end. C’est agréable ces moments rien que pour nous. D’un autre côté nous sommes toujours en processus d’installation, il y a encore des montagnes de choses à faire et nous manquons toujours de temps. Il faut réussir à gérer tous ces sentiments complexes, ces flux et reflux d’émotions culpabilité stress frustration joie bonheur emmêlés. 
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En salon avec un mini bébé d'un mois et demi. Crédit : Nicolas Rizzi
​La fatigue, aussi, s’invite à la table. J’ai fait le choix d’allaiter mon enfant. Cela me paraissait la chose la plus naturelle à faire, la plus cohérente avec nos vies. La mère, dans ce cas, a un rôle central, et même si nos proches peuvent parfois prendre le relai, les nuits m’appartiennent. Et je ne sais pas qui a inventé l’expression « dormir comme un bébé » mais il ne devait pas en avoir lui-même !

Cela dit je ne me leurre pas, ce n’est pas uniquement Alix qui me vole mon énergie et dessine des cernes sous mes yeux. Nicolas est fatigué aussi. Les maraîchers à qui nous achetons nos légumes aussi, et nos amis vignerons encaissent tous leur saison. La chaleur est véritablement accablante et le travail est intense. Tous les ans, à la fin du mois de juillet, nous récupérons. Nous avons besoin de reprendre pied après les couchers tardifs, quand l’air enfin, se rafraîchit, les éveils bien trop matinaux et les journées de fournaise entre les deux. Travailler à l’extérieur en toutes saisons est un bonheur, une joie sans cesse renouvelée, mais l’été nous épuise et nous avons encore besoin de l’accepter, de lâcher prise. Nous avons le droit de nous alarmer aussi, et le devoir de le dire, car nous ne pouvons plus occulter le fait que la terre se réchauffe et que nous, paysans, nous sommes en première ligne (lire à ce propos l'excellent et effrayant article de Catherine Bernard). 
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Aujourd’hui, malgré la fatigue et l’angoisse sur l’avenir du monde (vaste sujet à porter sur de frêles épaules d’agriculteurs :) ), nous restons optimistes, fiers et heureux. Nous parcourons nos vignes et elles sont magnifiques. Les sols enherbés revivent, et semblent nous donner un peu de répit face à la sécheresse qui s’étend sur le Causse. Le feuillage haut et fier protège nos raisins. Il y a plein d’insectes, plein d’animaux. Les cépages blancs, que nous avons surgreffés l’année dernière sont en pleine forme, et nous avons hâte de découvrir la signature de nos terroirs kimméridgiens sur ces jolies vignes que nous avons si soigneusement choisies et accompagnées.
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Nous avons emménagé avant les vendanges dans une superbe maison quercynoise, proche des vignes, beaucoup trop grande pour nous mais qui sera un jour le bel écrin de notre domaine. Ici aussi, le travail ne manque pas, s'annoncent quelques années de joyeux bazar et de jardin bohème, mais nous sommes encore émerveillés d’avoir pu poser nos valises dans un tel endroit.
Enfin, nous avons créé, de toutes pièces, un magnifique petit être rayonnant de santé, curieux, joyeux et drôle. Une petite fille qui pose tous les jours un œil neuf sur le monde et qui nous ébloui de ses apprentissages, ses découvertes, et de la vitesse à laquelle elle grandit. 
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- Maya -
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30/9/2018

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Journal des vendanges : Jour 6

Jour 6, vendredi : la fin du puzzle
Drôle d’année, 2018, certaines parcelles sont tellement hétérogènes dans la maturité que nous sommes allés les récolter en quatre fois. Heureusement, nous passons beaucoup de temps dans les vignes et nous avons réussi à anticiper les différences. Heureusement aussi, nous récoltons tout à la main et nous pouvons nous offrir le luxe de découper les parcelles.
Vendredi, nous avons donc été chercher des secteurs particuliers, laissés mûrir plus longtemps, ou, au contraire, que nous souhaitions cueillir plus précocement car ils commençaient à passeriller.
Nous pensions finir la récolte samedi matin avec la Butte Rouge, mais un tour rapide dans les vignes nous a fait hésiter. Les raisins côté nord n’étaient pas encore prêts. Car oui, c’est hétérogène à ce point là… Nous avons décidé d’attendre lundi, à raison je crois, car ce soir les raisins étaient parfaitement à notre goût, et nous avons été heureux et soulagés d’avoir fait ce choix.

Le week-end nous a aussi permis de mettre un peu d’ordre dans la cave et, surtout, de nous occuper de tous les moûts rentrés lors de cette semaine de vendanges express (puis de faire deux trois courses et des lessives, les vignerons doivent aussi penser à l’intendance !).
Samedi matin, nous avons donc pressé notre cuve de grappes entières, récoltée en premier, vendredi dernier. Les raisins étaient encore intacts à l’ouverture de la cuve et, quand nous les avons croqués, ils pétillaient légèrement. Les jus sont encore très sucrés mais pour l’instant nous sommes vraiment ravis du résultat, la texture en bouche est aérienne et délicate.
Nous avons aussi fait nos premiers remontages. Nous avons l’impression que cette année, avec des raisins très concentrés, les tanins viennent vite. Nous allons travailler nos marcs avec encore plus de retenue et de précaution que les deux années précédentes, et chercher dans nos macérations le gras qui équilibrera la bouche. Enfin, tout ceci n’est qu’une impression à chaud, à confirmer ou non au pied des cuves, pendant la durée des macérations.
Et enfin, nous avons pris le temps d’aller récolter les 10 pieds de raisin de table, des Italia, plantée au bout d’une de nos parcelles. Les dégustateurs les plus affûtés d’entre vous découvriront peut-être quelle(s) micro-cuvée(s) ils viennent réveiller ;)
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Jour 4 et jour 5 : pic de vendange

27/9/2018

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27 Septembre
Notre quatrième jour de vendanges, hier, a été rude. Avec uniquement deux cépages, de même époque de maturité, sur une même commune, il arrive toujours un moment où tout est mûr en même temps! Et lorsque c’est le cas, que la magie opère, que les raisins concilient fraîcheur, aromatique, beaux tanins, alors c’est la course, il faut se dépêcher car après, c’est trop tard. Alors on coupe, on coupe, et à la cave, il faut traiter tout ce raisin mûr avec le même soin que les petites journées.
Un autre défi à relever, c’est que notre chai se trouve à 11km du vignoble. Nous vendangeons tout en caissettes de 18 - 20 kg, et une camionnette fait sans cesse des navettes. Cela demande beaucoup d'organisation et des rotations fluides, ça ne doit pas bloquer !
Nous avons été cueillir les raisins de notre grande parcelle de Merlot, et ceux de la fin des Vignes Noires, deux parcelles complémentaires qui nous permettent de faire du Serpent à plumes : le Merlot apporte la rondeur et le fruit, les Vignes Noires la tension calcaire.
En milieu de matinée nous avons également trouvé le temps d’aller aux Lapins, ma parcelle préférée, dont la maturité était parfaite, ni trop mûre, ni pas assez. C’est une vigne que j’adore, une des plus vieilles du domaine, des vieux ceps de 45 ans, équilibrés, sereins, apaisants. Je m’y sens vraiment bien. L’année dernière nous l’avions vinifiée à part, pour faire du Trespotz, mais cette année nous avons malheureusement des rendements très bas et nous sommes obligés d’assembler des parcelles dès les vendanges, car nous ne remplissons pas les cuves…
Alors que nous étions aux Lapins, nous avons reçu des journalistes du JT régional de France 3 pour un court reportage sur les vendanges à Cahors.
Ce soir je suis un peu fatiguée, c’est le cinquième jour de coupe, et nous avons quasiment fini. Nous allons mettre, cette année, deux fois moins de temps à vendanger que l’année dernière. Il y a peu, très peu dans nos vignes et nous sommes encore étonnés de la vitesse à laquelle se déroulent les vendanges. Il y a bien sûr tout le travail de taille et d’ébourgeonnage réalisé, qui nous facilite la cueillette, et l’équipe de vendangeurs est aussi très douée. Mais clairement, si nous allons aussi vite, c’est que la récolte est petite, grappes et grains.
Sous le chaud soleil de cette fin septembre, les raisins évoluent très rapidement et les parcelles mûrissent en un éclair. Aujourd’hui jeudi, nous sommes allé cueillir notre parcelle des Pièces Longues, la bien nommée, avec ses onze rangs longs de 250 mètres. C’est une parcelle entourée d’arbres, qui lui donnent de l’ombre et de la fraîcheur l’été, et cette année cela lui aura été très bénéfique. Ici, aucun passerillage, le stress hydrique a été moindre, et les raisins délicieux.
Ils sont, d’ailleurs, à l’image du millésime : d’une concentrations affolante, avec une acidité vive, nerveuse même, mais parfaitement mûre. L’été sec, l’alternance jour chaud / nuit froides, la faible charge, tout concourt à des équilibres intenses. Le jus est d’un noir d’encre et, cette année encore, Cahors ne dérogera pas à sa réputation : la légende dit que l’on peut mettre moitié d’eau et moitié de vin dans un verre, et que ce sera toujours aussi sombre ! Nous vous dirons si c’est vrai dans quelques jours, nous ne devrions pas tarder à faire notre fameuse et authentique piquette (photo avec explications plus bas) 😉
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Notre Pinpin, authentique piquette : c'est une boisson ancestrale à base de raisin fermenté et d'eau.   
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Journal de vendanges #4

25/9/2018

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Troisième journée de vendange aujourd'hui, et je ne vous cache pas qu'elle me rend un peu triste. Il n'y aura que très peu de Merlot dans notre cuvée parcellaire cette année, les quelques jours de vent d'autan de la semaine dernière l'ont fait passeriller et, à part pour quelques jolis rangs, nous ne l'avons pas jugé à la hauteur pour faire du Bois Grand. 
Enfin, le bon côté, c'est que cela nous donne l'occasion de faire quelques expérimentations en cave, dans une petite cuve que nous avions achetée exprès sur les conseils de Mathieu (merci Mathieu). Une cuvée sucrée et un peu "spéciale" que j'avais envie de faire depuis longtemps...Je n'en dis pas plus, surprise !

Le Côt de Bois Grand, par contre, est magnifique, même si la parcelle nous donne du fil à retordre : le haut des rangs a deux ou trois jours d'avance sur le bas ! Nous avons donc séparé les dates de récolte. Heureusement nous avons une super équipe de vendangeurs: attentifs, à l'écoute, organisés et toujours de bonne humeur, qui ont géré ça de main de maître. 
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Je dois vous avouer que j'angoissais un peu à l'idée d'affronter les vendanges avec ma grossesse mais finalement je peux vraiment me reposer sur les gens qui m'entourent à la vigne et c'est très agréable. On a beaucoup parlé de la pénurie de vendangeurs cette année, mais il faudrait aussi mentionner tous les cas où ça se passe bien, avec des gens qui aiment ce qu'ils font, malgré la pénibilité de la tâche (parce que oui, les vendanges c'est un chouette moment mais ça fait aussi super mal au dos, aux jambes, partout).

J'ai profité du fait qu'on finisse un peu tôt à la vigne pour aller faire le tour du reste de nos parcelles : tout mûrit très très vite maintenant et nous allons continuer sur notre lancée. Surtout que le temps est parfait : très froid la nuit (2 degrés ce matin !) et chaud l'après-midi (25!), du soleil, un peu de brise... de quoi intensifier encore les arômes des raisins !
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Journal de vendanges #3

24/9/2018

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Deuxième jour de vendanges aujourd'hui, cette fois ci avec l'équipe au complet, après un week end bien rempli. Samedi matin nous nous sommes réveillés sous un beau ciel gris et humide, une bénédiction après ces derniers jours de grandes chaleurs et les nombreux mois de sécheresse. Nous avions profité de la fraîcheur de la nuit (11 degrés!) pour refroidir les raisins cueillis la veille avant de les encuver en grappes entières. Nous avons un peu hésité à tant tarder mais l'état sanitaire était excellent et nous avons fait le pari que tout se passerait bien. C'est la première fois que nous faisons macérer à froid en grappes entières et nous avons hâte de voir ce que ça va donner!

Dimanche matin nous sommes partis pour un tour de vignes afin de décider de la date de départ des vendanges. Nous étions persuadés que les maturités étaient à moitié bloquées suite au manque d'eau et que nous avions encore le temps. Nous sommes tombés des nues en goûtant des jus mûrs, pleins, équilibrés et aromatiques. Voilà encore une belle surprise de notre métier dans lequel nous ne pouvons décidément avoir aucune certitude ! Nos vignes âgées, travaillées pendant des années et bien (très bien) tenues par Jean-Claude et son père Theophilo avant nous, ont visiblement de belles réserves et des racines profondes. Les raisins continuent donc à bien mûrir, a développer leurs arômes, à polir leurs acidités pour notre plus grand bonheur.
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Après la dégustation des jus il a donc fallu sonner le grand départ des festivités. Nous avons commencé ce matin avec la parcelle Vignes Noires, d'où nous tirerons un beau rosé pour Nyctalope et du bon jus rouge pour le Serpent à plumes sur les parties les plus généreuses. Une petite partie de la parcelle, plus faible et concentrée, donnera à Trespotz sa signature de calcaire kimmeridgien. Les quantités, cette année, sont faibles, mais nous sommes vraiment heureux de ce que nous goûtons. Et heureux de nos vignes, qui nous rendent bien tous les soins et l'attention que nous leur portons.
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Journal des vendanges #2 - 21/09/2018

21/9/2018

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Texte et photos : Maya
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Première journée de vendanges aujourd'hui dans notre jolie combe. C'est une parcelle que j'adore, seule, au fond d'une belle vallée, entourée de forêts. Ce sont les plus vieilles vignes du domaine, une parcelle poétique, où les cépages de bouche côtoient les Côts à queue rouge. Elle reste toujours fraîche, souvent à l'ombre, et les arômes des raisins s'en ressentent : profonds et délicats, discrets et élégants. Malheureusement c'est un endroit qui, depuis deux ans, nous échappe : l'année dernière c'était la seule de nos parcelles à avoir gelé, ce millésime les chevreuils ont tellement prélevé leur part que nous avons du nous dépêcher d'aller la chercher avant qu'il ne reste rien. Leçon de patience pour les jeunes vignerons que nous sommes...
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Dégâts de chevreuils...ils n'ont pas laissé grand chose par endroits :(
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Journal de vendanges #1

21/9/2018

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Nous publions souvent des images et des petites réflexions de notre quotidien de vignerons sur Facebook et instagram. Pour ceux que ça intéresse vous pouvez soit vous abonner à mon compte Maya Sallée (sans avoir à me demander comme amie), soit cliquer "J'aime" sur la page du Domaine la Calmette. Quand à ceux qui utilisent instagram, ils pourront nous trouver avec le compte domainelacalmette. 
"Et ceux qui n'ont rien de tout ça?" me direz-vous? Cela fait plusieurs mois que je songe à publier sur ce blog ces petits billets courts, souvent illustrés de nombreuses photos. J'hésite toujours un peu car ce ne sont pas des "vrais" textes, tels ceux que j'aime écrire ici. Mais je suis sûre que ceux d'entre-vous qui veulent avoir plus souvent de nos nouvelles sauront les apprécier. 

Je vais essayer, pendant ces vendanges qui arrivent, d'écrire une sorte de "journal" quotidien de ce que nous faisons, toujours sur facebook. J'ai donc décidé de relayer ici aussi ces petits billets. Bonne lecture !
 - Maya - 
05/09/2018 - texte Nicolas - photos Maya
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​Calme plat dans les vignes.
Dans toute la France ou presque, les vendanges ont commencées, les chais se remplissent, les fermentations démarrent. Ici, nous en sommes loin. Cahors est une région tardive, une des dernières de France à récolter. Il manque quinze jours au raisin, peut-être davantage. C’est encore difficile à évaluer à ce stade. Ce qui est sûr, c’est que la maturation se termine dans des conditions extrêmes. Dimanche, il a fait 8° la nuit, puis 29° l’après-midi : 21° d’amplitude. Ce n’est pas exceptionnel à Cahors, c’est souvent ainsi en Septembre. Le raisin en bénéficie à plein : un tel écart augmente l’aromatique, fait mûrir les tanins, conserve l’acidité, et concentre dans les peaux les molécules qui donneront aux vin leur couleur si rouge qu’elle tirera, cette année encore, vers le noir total. 
J’ai rarement vu, avant maturité, des raisins aussi concentrés et aromatiques. Un peu de pluie est annoncée cette semaine, nous croisons les doigts pour en avoir un peu (et sans glaçons, merci).
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Vulnérables

20/7/2018

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La semaine dernière, le fils d'un de mes anciens collègues et ami est mort. Il n'avait pas dix-huit ans et il s'est retourné en tracteur.

Nous faisons un métier joyeux, un métier qui me comble, complet, intense. Nous suivons les rythmes imposés par la nature, dehors dès que nous le pouvons, dedans quand il le faut. En pleine installation, du travail par dessus la tête, emportés par nos envies, nous poussons parfois nos limites. Nous oublions que nous sommes entièrement vignerons. Notre plus précieux et plus fragile outil de travail, c'est nous et notre corps.
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Il y a quelques temps, Nicolas s'est déboîté l'épaule : trois semaines d'arrêt complet, deux semaines d'attelle. Et une blessure sérieuse, une épée de Damoclès qui l'accompagnera à vie, chaque fois qu'il fera un faux mouvement, chaque fois qu'il forcera un peu trop. Je ne le sais que trop bien, je suis passée par là il y a dix ans, quand j'avais encore le droit de jouer au rugby. 

Nous étions en plein relevage et je me suis retrouvée toute seule pour les cinq hectares qui nous restaient. Le relevage, c'est la période que je redoute le plus tous les ans. A priori, c'est simple : nous avons deux fils de fer mobiles, que nous pouvons abaisser et relever. L'hiver nous les descendons, pour que la végétation puisse croître au printemps. Au moment de la floraison, lorsque la vigne a beaucoup poussé, les branches retombent dans les rangs, gênent le passage et cassent sous le poids de la pluie ou du vent. Nous utilisons donc les fils releveurs, que nous montons de chaque côté du rang et accrochons ensemble, pour "tenir" la masse.
Généralement, il faut se presser, car du relevage dépend le passage du tracteur dans les rangs, à une période où la vigne est particulièrement sensible au mildiou et où l'herbe pousse à vue d’œil. Nous relevons toujours en deux fois, une première assez bas, puis la deuxième le plus haut possible, pour que les branches se dressent droit vers le ciel et que nous n'ayons (quasiment) pas à rogner.
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A priori, c'est simple. En réalité, c'est le travail que je trouve le plus difficile. Nous tendons les fils de fer le plus possible, afin que la vigne soit le mieux maintenue : c'est donc extrêmement physique de les manipuler, surtout avec la végétation qui pèse dessus. C'est une opération très longue également, quasiment un mois, à faire tous les jours ces mêmes gestes : tirer sur les fils, les relever, placer l'agrafe, trouver la branche qui bloque, ranger ce qui dépasse ou ébourgeonner ce qui gêne.
Nous marchons beaucoup, entre 10 et 15 km par jour. Mais surtout, surtout, c'est la période des horaires d'été. Il fait une chaleur écrasante sur le Causse, les cigales chantent dès 9h30 du matin et il est insensé de penser pouvoir travailler après midi. Nous nous levons donc entre 4h30 et 5h pour travailler à la fraîche, tout en nous promettant, jour après jour, de rattraper le sommeil par une bonne sieste. Évidemment, nous n'y arrivons jamais : il y a toujours un rendez-vous l'après-midi, du bureau, des mails urgents, une expédition, des choses que nous n'arrivons jamais à faire car nous ne sommes jamais à la maison. Nous nous couchons tard, car il est difficile en été de se coucher tôt : il fait jour! Et la fatigue s'accumule.


Quand Nicolas s'est blessé, il nous restait environ une semaine de travail. Exténuée, je tenais au mental, me disant tous les jours : "plus qu'une semaine et tu pourras te reposer". Et puis, soudain, le travail de deux personnes a brusquement basculé entièrement sur mes épaules. Le temps pressait et je savais que je n'y arriverais pas seule. D'autant plus que Nicolas est le seul à conduire le tracteur sur le domaine. Nous étions déjà en retard sur le programme, comme le veut toute saison viticole, je me voyais très seule et Nicolas se sentait terriblement inutile. Notre vulnérabilité nous a brusquement sauté aux yeux. 
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C'est un sentiment assez terrible. Depuis trois ans, nous mettons toute notre énergie et nos efforts à faire grandir notre rêve. Nous pensons toujours qu'arriver à bout de nos projets et de nos tâches n'est qu'une question de volonté. Mais ce n'est pas toujours vrai. Tous les coups durs peuvent faire pencher la balance : grêle, gel, accidents... Notre aventure pourrait s'arrêter tout simplement, car elle dépend de choses qui nous dépassent. Il faut évidemment l'accepter et en tirer les enseignements. Mais je peux vous assurer que ce jour là, je n'ai réussi qu'à pleurer d'épuisement. 

Le soir, nous étions invités à manger chez des amis vignerons. Nous étions un peu secoués, rattrapés par la réalité de notre métier. Ils ont immédiatement proposé de nous aider, de venir conduire le tracteur pour nous, malgré leurs semaines déjà bien remplies. Puis nos amis maraîchers ont fait de même. Nous avons reçu des message de soutien de nos voisins et nos familles : "si vous avez besoin, nous sommes là". Nous avons découvert le service de remplacement, qui propose des salariés en cas de blessure du "chef d'exploitation". Un monsieur absolument adorable et très professionnel est venu traiter à la place de Nicolas. Tout d'un coup, nous nous sommes sentis beaucoup moins seuls, très entourés et très soutenus.

Nous avons finalement embauché pour finir le relevage, Nicolas s'est démené pour trouver des solutions et la phase la plus dure s'est retrouvée derrière nous. Nous avons continué à travailler comme avant, tirant chaque jour un peu sur la corde, car il le faut.
Hier, j'ai reçu cet appel, me rappelant à nouveau à la réalité, "Maya, j'ai une mauvaise nouvelle, le fils de C. est mort, accident de tracteur". Nous sommes vulnérables et fragiles. Il faut le garder en tête. Trouver ce délicat équilibre qui permet d'avancer, de ne pas se laisser paralyser par la peur tout en gardant en tête qu'il faut se ménager, faire attention à nous. Nous faisons un beau métier mais il est aussi dangereux.
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J'y pense souvent, maintenant. Quand Nicolas part en tracteur, dans nos vignes aux pentes fortes, aux dévers marqués et aux tournières trop étroites, quand il fait tellement chaud que nous commençons à nous sentir mal, quand je sens que nous sommes en train de trop en faire. Nous nous mettons sans cesse à nu pour accomplir notre rêve, pour nourrir notre passion, pour faire du vin. J'y pense. Nous continuons à travailler avec entrain et optimisme, mais j'y pense.
Et j'espère que vous y pensez aussi, à chaque fois que vous ouvrez une bouteille, avec vos amis, votre famille, votre moitié. J'espère que vous voyez dans votre verre, dans ces moments de plaisir et de partage, qu'il y a un vigneron qui vous offre tout ce qu'il a, qu'il y a des vies, qu'il y a des drames et qu'il y a des joies.

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- Maya -
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Une grande fille superbe

12/6/2018

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Depuis plusieurs semaines, la saison bat son plein, nous passons des journées intenses aux vignes pour amener à son terme le millésime 2018. La Revue des vins de France, elle, a déjà goûté les 2017. Nous sommes très heureux de voir notre cuvée parcellaire « la Butte Rouge » au palmarès.

La Butte Rouge, c’est notre plus vieille parcelle, plantée il y a presque 50 ans sur un sol d’argiles rouges sidérolithiques. Depuis le début, nous avons senti qu’elle avait quelque chose d’unique, une personnalité forte qui ne demandait qu’à s’exprimer.

Pour l’instant, nous cachons encore un peu cette « grande fille superbe », blottie dans sa cuve bois pour encore un hiver et un printemps. Patience…
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L'envie d'écrire

25/2/2018

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Ce matin, je dois faire de la saisie comptable. Mais ce matin, j’ai plutôt envie d’écrire.

Je sais que le blog est un peu délaissé ces derniers temps, depuis que nous avons sept hectares et tout à faire pour la première fois (les vignes, les vendanges, l’administration, les mises en bouteilles, les commandes, les salons…). Nous sommes un peu débordés. Mais je sais que vous êtes patients et compréhensifs. Je sais aussi que je veux continuer. Car écrire me fait du bien, me fait prendre du recul, me poser. C’est nécessaire dans ma vie depuis que j’ai douze ans.

J’ai longtemps tenu un journal intime, cela me permettait de mettre de l’ordre dans mes pensées prépubères, celles qui s’entrechoquaient dans ma tête en un flot ininterrompu, chaotique et, disons-le, assez immature. J’ai ensuite tenu un blog, plus pour ma famille et mes amis proches. J’y donnais des nouvelles et racontais mes aventures dans le monde du vin, que je découvrais alors avec émerveillement. Pendant ce temps, Nicolas écrivait, lui aussi. Nous ne nous connaissions pas encore.

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Un grand merci à Olivier pour cette photo :)
​Evidemment, quand nous avons décidé de nous installer comme vignerons, cela nous a paru couler de source de tenir ce blog, à deux. Aujourd’hui, je m’amuse, parfois, à parcourir les billets des trois dernières années. Nous avons un vrai journal de notre installation, avec des idées, des projets, des faits, des photos… Au-delà du plaisir que cela nous procure, c’est aussi très utile : nous prenons du recul, nous voyons ce qui se répète, ce que nous mettons en place, ce qui a changé. C’est sans doute l’équivalent 2.0 des journaux que tenaient les anciens et qui aident aujourd'hui les historiens à retracer la vie passée des campagnes. A notre échelle et très modestement, bien entendu. 
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Je pense à tout cela ce samedi matin sous un ciel d’encre qui m’a obligée à allumer les lumières en plein jour. L’hiver, cette année, a été particulièrement sombre et pluvieux. Je crois bien que je peux compter sur mes deux mains tous les jours où il n’a pas plu (ou neigé) entre le 12 décembre et aujourd’hui. Hier soir nous en discutions, pendant une soirée dégustation de vins issus de cépages modestes et oubliés au Clos Troteligotte. Nous étions tous d’accord : l’hiver a été rude. Car malgré la pluie et la neige, il faut trouver le temps de tailler les vignes. Et même si j’aime passer l’hiver dehors, ne nous voilons pas la face, je râle un peu quand je suis sous la pluie, quand on patauge dans la boue ou quand j’ai les pieds gelés. 
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La bonne nouvelle de l’hiver, par contre, c’est qu’enfin, nous avons de l’eau. Plein d’eau. Et nous avons eu la bonne idée de semer des engrais verts à l’automne. Cela nous permet d’avoir un couvert végétal (en gros, de l’herbe) pendant une saison qui, surtout quand elle est aussi pluvieuse, met les sols à rude épreuve. Ces derniers, s’ils sont nus ou labourés, sont rapidement saturés en eau, érodés, les minéraux et nutriments sont lessivés. Nous parcourons nos vignes et la terre est belle, tenue par les racines de toutes ces plantules, vivante, moelleuse. C’est un vrai soulagement.
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Au printemps, vers la fin du mois de mai, nous détruirons les engrais verts. C’est là qu’ils prendront tout le sens de leur nom : cette herbe coupée, constituée de légumineuses, de crucifères et d’un peu de graminées, permettra de nourrir les vignes, une fois dégradée par la vie du sol. Mais ne parlons pas trop du printemps, car il nous reste encore beaucoup de choses à faire : finir de tailler, tirer les bois, réparer le palissage et attacher la baguette sur le fil porteur. Nous devons aussi nous occuper de notre hangar, construit mais pas encore fonctionnel et surtout raccorder les gouttières aux deux cuves de récupération d’eau de pluie que nous y avons installées. 
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​Nous avons aussi profité de l’hiver pour partir présenter nos vins de 2017 : fin janvier à Montpellier, à Biotop, et début février aux Greniers Saint Jean, à Angers. C’étaient dix jours assez intenses et stressants (j’avais un trac pas possible). Nous y avons fait de belles rencontres et avons eu le grand plaisir de voir que nos vins plaisent et parlent aux gens. Cela nous a permis de boucler la boucle et de retrouver le sens de notre métier : donner de la joie à ceux qui boivent nos vins.  
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​Certains ont eu un coup de cœur, et réservent déjà les premières cuvées que nous mettrons en bouteille au printemps et à l’automne. Nous sommes donc plongés dans l’organisation de nos prochaines mises en bouteilles : finalisation des étiquettes (nous avons deux nouvelles cuvées cette année, Pinpin et Trespotz), commande des cartons, des bouchons, des bouteilles, assemblages et travail en cave. Quelques clients curieux et consciencieux viennent aussi nous rendre visite et peupler nos journées. Les toutes dernières bouteilles du 2016 s’en vont et je prépare les commandes en rêvant au chemin qu’elles vont parcourir avant d’être bues : Bordeaux, Paris, Toulouse et même la Californie. 
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Car nos bouteilles commencent à voyager et nous recevons souvent des messages enthousiastes qui nous font chaud au coeur. Après trois ans de travail acharné, les gens goûtent enfin le fruit de tout ce labeur. Nous voyons notre rêve grandir et passer d'une simple idée, de conversations enflammées tous les deux, à des bouteilles, concrètes, posées sur une table à l'autre bout de la France, ouvertes et bues. Cette réalité me donne parfois un peu le tournis. Et aussi plein de joie.
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 - Maya -
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Respiration

11/12/2017

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Voilà trois ans déjà que nous avons décidé de devenir vignerons. Le temps est parfois farceur, il me semble avoir vécu plusieurs vies et pourtant je crois souvent que c’était hier à peine que nous avons songé à nous installer.

​Nous étions fatigués après les vendanges, fatigués de trois ans de dur labeur, de deux saisons intenses et surtout des hauts et bas émotionnels. Personne ne nous dit cela, quand on commence une entreprise : qu'il va falloir s’accrocher, car émotionnellement, ça va être les montagnes russes. On peut être exalté le matin par une très bonne nouvelle et dépité à midi par une mauvaise. Il faut gérer cela, l’encaisser, en plus du reste. Je suis heureuse, dans ces cas-là, qu'on soit deux pour faire face.

Nous avons donc décidé de faire une pause, afin de retrouver de l’énergie et mieux repartir. Nous sommes allés respirer l’air du grand large, nous perdre sur une belle île bretonne, hors saison, seuls sur la côte sauvage, à lire, marcher, pêcher et dormir. Une échappée pour prendre du recul. 
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Il faut dire que nos vendanges n’ont pas été de tout repos. Pourtant une semaine avant vendanges les raisins étaient magnifiques, le temps parfait, sec et pas trop chaud, et notre équipe de vendangeurs bien motivée. Et puis il a plu. Plu. Plu. Et il a fallu trier, beaucoup, perdre des vendangeurs dans la bataille et à la fois pester et nous féliciter d’avoir choisi les vendanges manuelles, qui nous ont permis de mettre uniquement le plus beau dans les cuves. Heureusement, nous avons ensuite eu quinze jours de beau qui nous ont permis de tout rentrer rapidement, mûr et sous le soleil. 
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Nous avons beaucoup travaillé, avec Robin et Perrine, venus nous prêter main forte et apprendre, avant de concrétiser à leur tour leur rêve d'installation. Nous avons tout pressé avec notre pressoir à cliquets et gagné dans l'épreuve des cals aux mains et des biceps saillants. Nous avons porté nos quatre tonnes de raisin, trois fois par jour, deux fois dans les vignes et une fois au chai. Nous avons goûté et re-goûté les vins, douté, beaucoup ; les raisins si expressifs donnaient des jus fermés, des vins austères que nous ne comprenions pas et que nous avons longtemps attendus, un mois pour certains, avant de les aimer et de nous décider à presser.
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C’était une année difficile et nous avons appris que le métier de vigneron, c’est d'affronter des années difficiles ; que des années faciles, il y en a peu. 
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​Puis nous avons laissé passer un peu de temps, nous avons goûté et cela nous a émus. Les vins sont maintenant posés, relogés dans leurs cuves pour l’hiver et ils sont bons. Très bons, même. Ils nous touchent et nous font frémir. Peut-être que c’est parce que nous savons tous les efforts qui les ont accompagnés. Peut-être que nous ne sommes que l’équivalent de jeunes parents face à leur premier bébé. Peut-être. Mais nous les aimons. Et nos amis qui les ont dégustés aussi, car ils y perçoivent la typicité et la beauté de nos terroirs du causse de Cahors. Les bouches sont pleines, les arômes mûrs, et on y trouve toujours cette fraîcheur, cette minéralité (oui, j'ose le terme!) qui vient réveiller la finale, la faire durer, la faire vibrer.
Nous avons hâte de les présenter, de les mettre en bouteille. Mais avant cela, il faudra être patients, les laisser grandir jusqu’au printemps, jusqu’à l’été, peut-être même jusqu’à l’année prochaine. 
- Maya -​
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Maturités

5/9/2017

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Le 27 août, j'ai eu trente ans. L'année dernière j'avais discuté avec mon grand-père de ce cap à franchir, cette nouvelle décennie. Il s'était exclamé : "entre trente et quarante ans, ça a été la période la plus heureuse de ma vie". Et c'est donc ainsi que je m'y attaque. J'ai beaucoup voyagé, bougé, changé de maison, de région et de métier. Il est temps de m'ancrer et de construire, avec la ferme résolution de trouver un peu de ce bonheur quotidien qui me fera, un jour, me retourner et me dire que ces années là étaient belles et joyeuses.

Voilà des pensées faciles, portées par l'imminence des vendanges. Nos premières en tant que "vrais" vignerons. Sept hectares et presque autant de parcelles que nous parcourons en ce moment, Nicolas et moi, goûtant, observant, analysant et re-goûtant encore. Nous essayons de deviner ce que sera ce millésime en lisant l'avenir dans la saveur des figues et des mûres que nous glanons autours de la maison. Elles sont mûres tôt cette année, nombreuses, juteuses et pleines de goût. Un bon présage. 
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L'année est précoce et nous avions peur de la sécheresse et de la chaleur. Visiblement, l'année nous gâte et après une semaine très chaude fin août, nous avons eu la joie de voir tomber une petite pluie, inespérée, et, avec elle, le retour des nuits fraîches, indispensables pour préserver l'acidité et développer les arômes. Les raisins sont beaux, il ont déjà plein de saveurs et de parfums. Il nous faut encore patienter quelques jours et nous pourrons donner les premiers coups de sécateur, rentrer les premiers moûts, découvrir ce que nos parcelles ont a nous dire. Hâte!
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En attendant nous préparons activement la cave : il y a tant à faire! Nettoyer, récurer, réparer, et recevoir nos nouvelles cuves (d'occasion) en béton brut. Une demi-journée à déplacer ces gros cubes de quelques tonnes avant de, là encore, leur faire une beauté afin de recevoir leur précieux contenu. Une sacrée aventure et beaucoup d'excitation. Et parfois le besoin de repenser à Robinson Crusoé, quand la fatigue nous prend devant l'ampleur de la tâche : "Alors je vis, bien que trop tard, la folie de tenter une entreprise avant d'en avoir calculé les charges et avant de juger correctement de la force que nous pouvons y consacrer".
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Pendant que nous nous agitons en tous sens, affrontant notre propre folie avec ardeur et pugnacité, septembre s'installe doucement et semble déterminé à prendre des airs d'automne. La nature frissonne sous la fraîcheur du matin et le causse nous offre des levers de soleil romantiques et brumeux. L'occasion pour nous de réaliser à quel point nos vignes sont un point haut du paysage. Depuis notre maison, nous voyons bien Trespoux, et nous imaginons nos parcelles. Elles se devinent, au loin, blotties sur la colline, au-dessus de la mer de nuage, comme sur une île fascinante et encore un peu mystérieuse. Quand nous vous dirons que les terroirs de Trespoux sont au sommet de l'appellation, vous pourrez désormais nous croire ! ;-)
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- Maya -
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Fulguropousse

28/6/2017

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 Cette année, le printemps a fondu sur nous comme un chien enragé. La vigne a bien marqué un petit temps d'arrêt fin avril, lorsqu'elle a frôlé de très près le gel, mais ensuite, tout s'est emballé.
La vigne avait de la chaleur, de l'eau. Il n'a pas fallu trois semaines pour qu'elle atteigne le fil du haut, comme si le stress du froid avait entraîné une fureur de vivre, de pousser, de fructifier et de lancer ses vrilles à l'assaut de l'inconnu.
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Pour nous, les journées ont été longues.
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D'abord pour ébourgeonner du mieux possible. L'ébourgeonnage est un complément indispensable à la taille Poussard que nous pratiquons depuis le début. Il s'agit, pour les non-initiés, d'ôter d'un coup de pouce tous les petits rameaux naissants qui ne serviront ni à la taille de l'année d'après, ni à la fructification de l'année. Cela permet de canaliser l'énergie de la vigne dans la direction souhaitée et de se faciliter la taille de l'hiver suivant. De diminuer les blessures faites à la plante, aussi, puisque enlever un petit rameau naissant crée une plaie beaucoup plus petite qu'un coup de sécateur, l'hiver, sur un rameau qui sera alors bien inséré dans le tronc.
C'est un travail passionnant mais long, "comme une deuxième taille" disent les vignerons. Un travail central pour nous. Jean-Michel Comme, le directeur technique de château Pontet-Canet, expliquait le Rouge et du Blanc* que plus on pratiquait un ébourgeonnage sérieux, moins on avait besoin d'ébourgeonner. Et qu'au bout du compte, l'ébourgeonnage n'était quasiment plus nécessaire sur son vignoble tant il avait été accompli avec sérieux auparavant. Des propos qui nous ont fait rêver, nous qui en sommes aux toutes premières marches de ce travail.
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Nous avons aussi entrepris, pendant deux semaines, de poser des tuteurs sur les jeunes pieds et les receps. Qu'est-ce qu'un recep, me demanderez-vous à raison ? C'est lorsque, sur un pied fatigué ou maltraité par les tailles des années précédentes, on décidé de garder un pampre (un rejet qui part du pied) pour y former un nouveau tronc. Une fois bien établi, on se permettra d'abandonner et finalement de couper l'ancien tronc.
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​Là aussi, c'est un travail qui nous tient à cœur. Plutôt que de laisser dépérir des pieds, on leur donne une seconde vie, en maintenant leurs racines qui ont poussé patiemment pendant des décennies. C'est évidemment du travail à la taille, à l'attachage et au tuteurage, car on insère dans les rangs des individus à choyer tout particulièrement, mais probablement moins que s'il fallait, une fois le pied mort, creuser un trou et essayer de faire s'implanter un plant tout neuf.
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Nous étions alors jeunes, inconscients et en pleine forme... Et puis les vignerons expérimentés nous disaient : "ici, on n'a jamais vu fleurir avant le 8 juin". Nous avons donc planté nos piquets, ébourgeonné, sans se soucier du lendemain. Mais vers le 20 mai, nous avions vu les fleurs changer d'aspect. Et le 25, le délicat parfum de la fleur de vigne flottait partout autour de nous. Il faut avoir senti cette odeur subtile et propre, qui évoque le savon et la fleur de tilleul. C'est une merveille. Mais à la fleur, c'est aussi la période de pousse maximale. Et la floraison signale chaque année le moment où les rameaux commencent à pendre hors du palissage.

Il faut alors relever : un verbe du premier groupe, qui pour le vigneron, a pour synonyme "en baver".
Le relevage, ce sont plusieurs opérations, qui globalement, impliquent toutes de tirer comme des brutes sur des fils de fer, puis de ranger des branches sous ces dits fils, afin que les rameaux soient rangés, dressés, et qu'ils ne pendent pas dans les rangs. Un travail physique, répétitif, et qui cette année s'est déroulé au plus fort de la vague de chaleur. Il faut le faire au bon moment, ni trop tôt, ni trop tard, comme souvent en viticulture. Alors quand c'est le moment, on se lève très tôt pour travailler à la fraîche et on redouble d'effort. La sieste de l'après-midi, au plus fort de la chaleur, viendra réconforter les corps.

Pour garder le maximum de feuillage, nous faisons deux passages successifs et montons les fils releveurs au plus haut. Ce n'est qu'une fois la canopée rangée et dressée que nous nous autorisons à rogner, c'est à dire couper ce qui dépasse. L'année dernière, nous avions effectué cette opération à la cisaille et à la faucille. Cette année, nous aurions aimé continuer mais la pousse fulgurante continuait et il fallait agir vite. Nous avons utilisé une rogneuse attelée au tracteur mais nous avons fait très attention d'intervenir le plus tard possible et, là-aussi, le plus haut possible.
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​Sur des vigueurs moins fortes, des collègues ailleurs en France privilégient le tressage. Il s'agit de lier ensemble les rameaux de pieds voisins, en formant un espèce d'arche de branches, ou bien directement sur le fil du haut. C'est très beau à voir et le geste lui-même est très gratifiant. Pour l'instant, ce n'est pas possible chez nous, notamment à cause de la vigueur des porte-greffes et des greffons utilisés à Cahors, à cause de l'année et à cause de la puissance vitale de nos vignes. Un jour, nous y viendrons sans doute.
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​Nous avons accueilli la semaine de pluie avec soulagement. La maison et le chai ont pu se refroidir, nous avons pu récupérer de ces trois semaines d'efforts continuels.

Maintenant la vigne est seule. Nous l'avons accompagnée du mieux que nous pouvions et elle doit à présent se concentrer sur la maturation du raisin. Dans une quinzaine de jours, elle entamera la véraison : les raisins vont progressivement se teinter de violet. C'est la dernière étape, environ quarante-cinq jours avant les vendanges. Pas question de se relâcher pour autant : il faut toujours faire un peu d'entretien et commencer à préparer la cave. A cela, cette année, va s'ajouter pour nous, l'aménagement intérieur de notre joli hangar tout neuf. Et surtout la préparation notre toute première mise en bouteille ! Nous vous raconterons tout ça bientôt...
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​* dans le numéro 120 du Rouge et du blanc, plus précisément, dans un article détaillé que j'ai trouvé inspirant.

​Nicolas & Maya
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La Calmette en images

4/6/2017

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Après notre première place au concours Vignerons et terroirs d'avenir 2017, organisé par AdVini, Montpellier SupAgro et SupAgro Fondation, une vidéo a été consacrée à notre travail et notre démarche.

Cette vidéo a été réalisée par François Desperriers et d'Aurélien Ibanez, de Bourgogne Live Prod. Nous sommes profondément heureux de la beauté des images tournées dans les vignes et dans la cave, et de l'occasion qui nous est donnée de parler de nos projets et des objectifs que nous poursuivons. 

Si un point vous intéresse ou vous questionne, n'hésitez pas à nous interpeller en commentaire de l'article.
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Gel

30/4/2017

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En ce moment, je ne vais plus sur Facebook. C’est trop triste.
 
Quand nous avons vu les bourgeons de vigne gonfler avec un mois d’avance, les voisins nous ont rassuré : « ne vous inquiétez pas, ça peut rester comme cela plusieurs semaines ». Nous n’avions pas fini d’attacher et il nous restait une petite parcelle, gélive, à tailler. Il faisait vraiment chaud, début avril, et après un hiver sec, il avait enfin fini par pleuvoir. La nature est devenue incontrôlable : les lilas ont fleuri, le muguet tapissait les sols des forêts, les cerises précoces ont commencé à rougir. La vigne a poussé vite, nous avons couru après le temps et les anciens nous ont mis en garde : n’ébourgeonnez pas trop vite, attendez fin avril. Les gens ont commencé à nous parler de saints de glace et de lune rousse. Malheureusement, ils avaient raison. 
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Le temps a brusquement changé, nous avons rangé nos débardeurs et la crème solaire et avons ressorti doudounes et bonnets. Nous avons regardé la météo avec angoisse, surtout pour nos copains alsaciens, jurassiens, bourguignons et beaujolais. Nous nous disions qu’à Cahors nous ne risquions pas grand-chose.

Partout en France, les feux ont flambé dans les vignes, paille, chaufferettes, hélicoptère, chaque vigneron faisait ce qu’il pouvait. Parfois rien, car tout cela coûte cher, tout cela demande des moyens.
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Mais Cahors s’est réveillé gelé, le 20 avril, tout comme le Languedoc, la Loire et tous les vignobles français. Pas nous, à part notre petite parcelle gélive. Les hauteurs et le vent, ça a parfois du bon. Nous avons soufflé. Puis nous avons eu des nouvelles des copains. Et c’était triste à pleurer.
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Nous avons attendu la fin de la vague de froid avec angoisse : « ça va être pire la semaine prochaine », disait la météo. C’était vrai, car il a plu. La vigne gèle à -4°C au printemps s’il fait sec mais seulement à -2°C si le temps est humide.
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La gelée du 27 avril a été encore pire que celle du 20. Même sur les plateaux, beaucoup ont gelé. Mais nous avons encore eu de la chance. Nous sommes restés seuls, sur notre ilot perché, venté, au milieu de la fumée des bottes de paille, sains, saufs et quand même malheureux.
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Source : Aurélien Ibanez Images 

​Notre métier est beau, notre métier est fort. Mais nous sommes faibles face aux éléments. Nous pouvons tout perdre en cinq minutes. Ou tout garder, tout en voyant les vignerons à cinq cent mètres prévoir une petite récolte pour la deuxième année consécutive. C’est le prix à payer pour travailler avec le vivant. Nos vignes sont là, vigoureuses et belles, apaisantes. Nous continuons le travail de l’année, nous sentant un peu coupables et soulagés d’en avoir encore. Nous pensons aux copains qui vont devoir sauver les meubles, chercher des branches vaillantes pour tailler l’hiver prochain, vendanger un peu, ce qui reste.
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​Nous réfléchissons à tout cela en regardant le ciel s’assombrir lentement. Ce soir, l’orage est passé, la grêle annoncée n'est pas tombée. Sauvés, encore une fois. Le temps peut parfois paraître long, jusqu’à la récolte.
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- Maya -
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Vignerons et terroirs d'avenir

18/4/2017

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En ce début d'année, un événement très important s'est produit pour notre jeune domaine. Nous avons remporté le concours "Vignerons et terroirs d'avenir", organisé par Advini et Montpellier SupAgro.

Ce concours en est à sa deuxième édition. Son but : favoriser l'installation durable de jeunes vignerons sur des terroirs d'exception. À la clef, une belle dotation, à la fois financière et en jours de conseil.
​
Quand, en novembre, Maya a reçu un mail de Montpellier SupAgro annonçant l'ouverture des inscriptions, nous nous sommes dit que c'était incroyable, et qu'il ne fallait pas laisser passer la chance d'être candidats. Installation durable, terroirs d'exception, ça ressemblait parfaitement à notre causse de Cahors. Le concours précisait vouloir préserver l’activité viticole sur des terroirs menacés par l’urbanisation et la déprise. Là aussi, nous avons reconnu le contexte de notre installation. 
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Nous avons donc pris le temps, malgré les journées chargées, de bien présenter notre projet, nos pratiques durables, notre ambition de mettre en valeur chaque terroir singulier de notre parcellaire. 

Premier succès : nous avons été sélectionnés pour être un des sept projets finalistes. 
​Nous sommes donc partis fin mars pour le dénouement. Deux jours sur la propriété d'Advini à Vic-la-Gardiole, le splendide domaine de Mas Neuf.
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Nous avons tout d'abord passé une journée entière à retravailler et peaufiner notre présentation orale, avec l'aide des cadres dirigeants d'Advini, des professeurs de Supagro et d'un groupe d'étudiants. Travailler sous pression, avec l'impression que tout reste à faire, c'est quelque chose qui ne me dérange presque plus après avoir bossé pendant 10 ou 11 vinifications. Mais là, honnêtement, c'était au-delà de ce que connaissais. Et ce, même s'il s'agissait "simplement" de présenter le plus clairement possible nos terroirs, nos projets et les ambitions que l'on pourrait faire éclore si jamais nous étions désignés. 

Le lendemain, nous avons présenté notre projet devant le jury, constitué de personnalités de la filière : Antoine Leccia, le président du directoire d'AdVini ; Thierry Desseauve, journaliste ; Stéphane Derenoncourt, consultant ; Hervé Hannin, directeur de l'Institut des hautes études de la vigne et du vin à Montpellier ; Jérôme Despey, représentant au conseil spécialisé vin France Agrimer ; Fabrice Sommier, sommelier du groupe Georges Blanc et meilleur ouvrier de France ; Jacques-Olivier Pesme, directeur de la Wine and Spirit Academy dans le groupe d'écoles de commerce Kedge ; et enfin Frédéric Berne, vigneron en Beaujolais et lauréat de la première édition.

Nous n'avons pas vu les présentations des autres candidats, mais pour les avoir côtoyés pendant deux jours, c'était évident qu'il y avait du niveau. Beaucoup de passion, de rêve. Beaucoup de sueur et de travail aussi, que ce soit un projet de réhabilitation de terrasses abandonnées depuis un siècle à Cornas ou des domaines en traction animale à Saint Joseph et dans les Alpes.
Il y avait aussi le projet de mon amie Anne-Laure Sicard, Mas Lasta, sur les terroirs gréseux de Saint Privat, en AOP Terrasses du Larzac. J'ai connu Anne-Laure en 2008, lors de mon premier stage à Pauillac. Comme moi, elle travaillait comme stagiaire dans un 1er grand cru classé du Médoc. Devenir vignerons nous paraissait être un rêve hors d'atteinte. 
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​Au bout de la journée de présentation et de la délibération du jury, c'est nous qui avons été désignés lauréats. Et avec ce premier prix, nous gagnons 50.000 € à investir dans notre domaine, plus une semaine de conseil !

Le projet de Pauline Mourrain et Laurent Troubat, l'Austral, dans l'AOP Saumur le Puy-Notre-Dame, a remporté le second prix, soit 30.000€ et trois jours de conseil. Pauline et Laurent ont repris quatre hectares de vignes du domaine de la Tour Grise, pionnier du bio et de la biodynamie. 

Enfin, un prix Accessit a été attribué à Pauline Chatin, pour la Vigne de Cocagne, à Fabrègues. Pauline va redonner vie à un domaine historique, menacé un temps par l'installation d'un centre de traitement des déchets puis repris par la municipalité, pour en faire une exploitation viticole d'insertion sociale et professionnelle, en lien avec l'association des Jardins de Cocagne. 
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C'est une immense fierté que notre petit domaine ait été désigné, au sein des six autres projets, et au-delà, parmi le fourmillement actuel d'installation ambitieuses, en reprise familiale ou hors-cadre, partout en France, et qui fait souffler un vent de renouveau dans le vignoble. Les conseils et la bourse vont nous permettre d'aller plus loin dans nos rêves, et d'investir pour faire des meilleurs vins. Pour commencer, s'équiper d'une cuverie permettant de vinifier et d'élever chaque parcelle à part. Peut-être aussi lancer, plus tôt que prévu, le projet d'une petite cuvée de blanc...


Dans tous les cas, ce concours est une opportunité fabuleuse. C'est une possibilité sans équivalence de réfléchir à son projet, de le faire mûrir pendant la journée de préparation, de prendre du recul sur son travail et sa façon de le présenter. Quant au premier prix, ce sera un coup de pouce sans précédent.

Nous avons aussi été très entourés, pendant ce concours. Par nos proches, évidemment, qui nous ont soutenus et encouragés, mais aussi et surtout par toute l'équipe organisatrice, Advini et Montpellier SupAgro. Des élèves sont venus nous rendre visite à Cahors, dans un premier temps, puis les professeurs et le comité exécutif d'Advini se sont relayés lors de la journée de préparation afin de nous aider à donner le meilleur de nous-mêmes. Nous avons été reçus royalement au Mas Neuf et à Paris pour la remise des prix. L'aspect humain dans ce concours est essentiel. Nous gardons de ces moments des souvenirs très forts et joyeux. 

Je sais que nous sommes lus par d'autres jeunes vignerons, et par des personnes qui cherchent à s'installer à leur tour. À vous, je vous conseille vivement de suivre les prochaines éditions du concours, et de participer ! 
​
Nicolas

​Lien vers le site du concours : ICI
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Un hiver passé dehors

18/4/2017

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Je n'ai pas vu l'hiver passer.

Pour commencer, début décembre, nous avons officiellement signé, chez le notaire, la reprise de 6 hectares de vignes. C'était prévu depuis le début. Sept hectares en tout, ça fait des vignes à tailler ! Surtout que nous prenons le temps de bien faire les choses, par exemple nettoyer les pieds, ou bien éborgner quelques bourgeons sur la baguette pour mieux étaler la végétation.  
Bilan : nous avons passé l'hiver au grand air, avec le bonheur de travailler dans les vignes quasiment tous les jours. Des journées où il fait trop mauvais pour sortir, il y en a finalement très peu. S'il fait froid, on rajoute un pull, voire deux. S'il pleut un peu, on met un imper et on va tirer les bois. Et s'il pleut beaucoup… bon, d'accord, on se sert une tasse de thé vert et on reste travailler à l'intérieur.
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La taille Guyot Poussard se met en place doucement. Sur la parcelle de Bois Grand, que nous taillons pour la deuxième année, l'architecture des ceps devient plus évidente. Sur la grande majorité des pieds, on retrouve bien un courson de chaque côté, et la baguette au-dessus. Quand on arrive à tailler un pied comme sur la photo ci-dessous, on est heureux. C'est simple. Le flux de sève du courson restera indemne, les coups de sécateurs se feront sur le dessus.
L'année dernière, j'avais promis de faire un essai et de comparer avec la taille Guyot "normale". Malheureusement, nous en avons été incapables. Tailler sur deux coursons nous est devenu tellement logique et tellement automatique, que se glisser dans un autre système de taille, tirer une baguette au lieu de faire un courson, n'est quasiment plus possible. 

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A force de s'appliquer, nous avons quand même dû, en voyant début mars le printemps pointer le bout de son nez, faire appel à des saisonniers pour une semaine ou deux, histoire de finir le tirage des bois sereinement. Pas de regret. Ce temps que nous choisissons de passer à la taille, je suis sûr qu'on le récupérera en saison. Si les baguettes sont bien aérées, nous pourrons peut-être faire un effeuillage plus léger, voire s'en passer.

A part ça, nous nous sommes officiellement engagés pour la conversion en biodynamie, avec le cahier des charges de Demeter. C'est vraiment un sujet très vaste, la biodynamie, et qui appelle des conversations qui peuvent être riches et denses. Mais dans tous les cas, c'est une démarche qui me plaît par ce qu'elle demande d'observation, d'essai, d'expérience personnelle. Questionner les pratiques et les outils, prendre de la hauteur. Parfois la compréhension passe par le symbole, l'allégorie, plutôt que par la rationalisation, et pour des jeunes gens cartésiens comme nous, ça fait du bien de changer de mode de pensée.
Notre première action d'aspirants, ça a été d'introduire les préparations biodynamiques dans notre tas de fumier en train de composter. Les journées précédentes avaient été plutôt répétitives : tailler, attacher. Tout d'un coup, nous nous sommes retrouvés dans un tas de fumier frais, avec des préparations en petits pots de verre, pour ensemencer cette fertilisation en micro-organismes. Plutôt que de penser à un seul pied de vigne, nous passions soudainement à la faune et à la flore des sols de nos parcelles.

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En parlant de faune, nous réfléchissons aux façons d'amener près des parcelles des espèces qui nous seraient utiles pour réguler des ravageurs. Je pense par exemple aux mange-bourgeons, des larves de noctuelles ou de boarmies, qui font des dégâts très frustrants au printemps. Les escargots font aussi une belle razzia sur les bourgeons à peine débourrés.

Le plan, c'est que ces larves et ces papillons servent de repas à d'autres espèces. Comment nous comptons nous y prendre ? Déja, nous laissons pousser de l'herbe pendant l'automne pour héberger des insectes prédateurs et des araignées. Avant de s'installer à Trespoux, nous avions aussi l'idée de planter des haies, des arbres, mais ici les vignes sont entourées de forêts de petits chênes opiniâtres, de haies de cornouillers et d'églantiers, bref, de ce côté-là, la nature fait bien les choses et les alentours ne manquent pas de refuges pour la biodiversité. Mais nous allons tout de même donner un petit coup de pouce en installant cette année des abris à chauve-souris, et l'année prochaine certainement des abris à passereaux, confectionnés avec soin dans l'atelier du paternel. Les papillons de nuit et les escargots n'ont qu'à bien se tenir...

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un bourgeon vidé par une chenille
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abris à chauve-souris
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bébés araignées affamées de papillons

​Et le vin ? Il s'est un peu réchauffé, mais pas de trace de malo. Patience, patience.
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A présent, le printemps avance à deux cents à l'heure. La vigne a débourré, étalé ses premières feuilles et les bourgeons floraux sont partout bien visibles. Les lilas ont fleuri avec deux semaines d'avance, et les nombreux iris, au pied des murets de pierre sèche, sont aussi très précoces. Dans les sous-bois, le muguet est sorti depuis début avril. Tôt, trop tôt, et il y a toujours un ancien pour se rappeler l'année où c'est arrivé, et où ça s'est mal passé.
​D'ailleurs, cette semaine, la météo annonce plusieurs nuits de froid, avec des températures négatives. Et la vigne va peut-être geler. Beaucoup, un peu, pas du tout ? Nous allons croiser les doigts, pour nous sur les plateaux et pour les autres, dans la vallée et partout ailleurs en France. 

​​
Nicolas
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Saisons

29/3/2017

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Quand je suis rentrée en France après mes enfances tropicales, j’ai découvert avec angoisse l’alternance des saisons. Et j’ai détesté l’hiver pendant dix ans. Quand on vit en ville, on subit le climat, on subit les températures, on subit la pluie. On ne voit rien des subtils changements de la nature et de la lumière. Le déroulement des saisons me faisait juste prendre conscience du temps qui passe. A peine les jours ont-ils fini de rallonger qu’ils diminuent à nouveau. C’était une prise de conscience terrible pour la jeune fille que j’étais, habituée aux jours immobiles, au printemps éternel des montagnes du Mexique. 
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​Depuis que je vis dehors, au milieu de ma campagne Lotoise, que je dépends de la nature pour vivre, j’ai découvert avec émerveillement que chaque saison a un sens, une raison d’être, une beauté propre. Et je me suis mise à les aimer toutes.
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​Le printemps reste un moment magique. Il apporte joie et vie. La nature renaît, et même si c’est complétement attendu de l’écrire, ça n’en est pas moins vrai. On découvre l’alternance des couleurs, les fleurs blanches, puis jaunes, puis violettes noyées dans un millier de verts. Les feuilles sont tendres, les oiseaux reviennent, les insectes aussi. La vigne pousse, le cycle recommence, il faut travailler dur et longtemps sous un soleil déjà chaud. On la voit croître à vue d’œil et soudain elle fleurit, et soudain c’est l’été.
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​L’été. Auparavant, c’était ma saison préférée : celle des grandes vacances, de l’insouciance, des longues soirées sous les loupiottes du mûrier, de la chaleur et de la piscine des copains. L’année dernière, l’été m’a fait souffrir. Les jours longs, combinés à la chaleur et la sécheresse nous épuisaient. Il fallait se lever avant le soleil, pour travailler à la fraîche, puis reprendre le soir, quand les températures s’étaient enfin adoucies. Tout avait soif, les vignes, le potager, le jardin et même les arbres. Mais c’était aussi le temps des amis, des tomates et des baignades dans le Lot. Le temps du vent dans les arbres, du souffle doux qui agite les feuilles où clignotent les étoiles. Les raisins se sont colorés puis ont mûri. Est arrivée l’heure de la récolte.
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 Les vendanges, l’automne, les mûres, les figues et les doigts qui collent. Quelle saison de joie pour les vignerons ! Les raisins sont enfin en cave et nous pouvons souffler. Enfin, c’est ce que je croyais. Plus de risque de grêle, de drosophiles ou de mildiou foudroyant, mais le doute : le vin sera-t-il bon ? En attendant il faut le faire, le bichonner, le protéger. C’est le temps de l’intérieur, les vignerons sont dans le chai.
Lorsque la dernière caisse de raisin est vidée, lorsque la dernière cuve est pressée et que le vin se prépare au calme de l’hiver, lorsque le vigneron aux mains tâchées sort le bout de son nez, la nature lui sort le grand jeu : les paysages flamboient de rouge et de jaunes, les derniers crocus tapissent les allées et le soleil baigne le Lot de sa lumière dorée.  Avant que vienne novembre.
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​Novembre ? Novembre ce n’est pas une saison, me direz-vous. Oui mais voilà, novembre c’est la transition. Les feuilles sont tombées, les sols sont chauds et l’air devient froid, tout n’est plus que nuances de gris, englouti dans le brouillard. La nuit tombe tôt. Novembre est triste. Il est temps de se reposer et la nature sait bien faire passer son message. Nous nous préparons pour le nouveau millésime, car il commence l’hiver.
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​Ma nouvelle saison de joie : l’hiver. C’est la taille. C’est génial, la taille. Nous décidons de l’année qui vient, nous choyons chacun de nos ceps, nous leur souhaitons une vie longue et fructueuse, ils nous le rendent si bien. Nous sommes dehors et je redécouvre la beauté insoupçonnée du froid. Emmitouflée dans mes milles et une couches, j’ouvre des yeux émerveillés. Et pourtant, je ne vois pas l’hiver passer. Les cheminées qui fument au fond de la vallée glacée, le chevreuil qui s’échappe dans le paysage blanc, le soleil du matin au-dessus de la mer de nuages, le soleil du soir qui fait flamboyer les Pyrénées.  
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Mais l’hiver, surtout, c’est l’occasion de voir les amis, d’ouvrir de bonnes bouteilles et de se réunir autour de la chaleur du feu. Les jours sont courts et les soirées longues. Mais tout a une fin, bientôt les jours rallongent et les journées du vigneron s'étirent. Avec les beaux jours, le changement d’heure, c’est la vie qui revient, les bourgeons qui débourrent, le cycle qui reprend.
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- Maya -
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    nous vous raconterons  mois après mois notre chemin de jeunes vignerons et ses nombreux détours.

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