LE SERPENTÀ PLUMES
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Vulnérables

20/7/2018

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La semaine dernière, le fils d'un de mes anciens collègues et ami est mort. Il n'avait pas dix-huit ans et il s'est retourné en tracteur.

Nous faisons un métier joyeux, un métier qui me comble, complet, intense. Nous suivons les rythmes imposés par la nature, dehors dès que nous le pouvons, dedans quand il le faut. En pleine installation, du travail par dessus la tête, emportés par nos envies, nous poussons parfois nos limites. Nous oublions que nous sommes entièrement vignerons. Notre plus précieux et plus fragile outil de travail, c'est nous et notre corps.
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Il y a quelques temps, Nicolas s'est déboîté l'épaule : trois semaines d'arrêt complet, deux semaines d'attelle. Et une blessure sérieuse, une épée de Damoclès qui l'accompagnera à vie, chaque fois qu'il fera un faux mouvement, chaque fois qu'il forcera un peu trop. Je ne le sais que trop bien, je suis passée par là il y a dix ans, quand j'avais encore le droit de jouer au rugby. 

Nous étions en plein relevage et je me suis retrouvée toute seule pour les cinq hectares qui nous restaient. Le relevage, c'est la période que je redoute le plus tous les ans. A priori, c'est simple : nous avons deux fils de fer mobiles, que nous pouvons abaisser et relever. L'hiver nous les descendons, pour que la végétation puisse croître au printemps. Au moment de la floraison, lorsque la vigne a beaucoup poussé, les branches retombent dans les rangs, gênent le passage et cassent sous le poids de la pluie ou du vent. Nous utilisons donc les fils releveurs, que nous montons de chaque côté du rang et accrochons ensemble, pour "tenir" la masse.
Généralement, il faut se presser, car du relevage dépend le passage du tracteur dans les rangs, à une période où la vigne est particulièrement sensible au mildiou et où l'herbe pousse à vue d’œil. Nous relevons toujours en deux fois, une première assez bas, puis la deuxième le plus haut possible, pour que les branches se dressent droit vers le ciel et que nous n'ayons (quasiment) pas à rogner.
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A priori, c'est simple. En réalité, c'est le travail que je trouve le plus difficile. Nous tendons les fils de fer le plus possible, afin que la vigne soit le mieux maintenue : c'est donc extrêmement physique de les manipuler, surtout avec la végétation qui pèse dessus. C'est une opération très longue également, quasiment un mois, à faire tous les jours ces mêmes gestes : tirer sur les fils, les relever, placer l'agrafe, trouver la branche qui bloque, ranger ce qui dépasse ou ébourgeonner ce qui gêne.
Nous marchons beaucoup, entre 10 et 15 km par jour. Mais surtout, surtout, c'est la période des horaires d'été. Il fait une chaleur écrasante sur le Causse, les cigales chantent dès 9h30 du matin et il est insensé de penser pouvoir travailler après midi. Nous nous levons donc entre 4h30 et 5h pour travailler à la fraîche, tout en nous promettant, jour après jour, de rattraper le sommeil par une bonne sieste. Évidemment, nous n'y arrivons jamais : il y a toujours un rendez-vous l'après-midi, du bureau, des mails urgents, une expédition, des choses que nous n'arrivons jamais à faire car nous ne sommes jamais à la maison. Nous nous couchons tard, car il est difficile en été de se coucher tôt : il fait jour! Et la fatigue s'accumule.


Quand Nicolas s'est blessé, il nous restait environ une semaine de travail. Exténuée, je tenais au mental, me disant tous les jours : "plus qu'une semaine et tu pourras te reposer". Et puis, soudain, le travail de deux personnes a brusquement basculé entièrement sur mes épaules. Le temps pressait et je savais que je n'y arriverais pas seule. D'autant plus que Nicolas est le seul à conduire le tracteur sur le domaine. Nous étions déjà en retard sur le programme, comme le veut toute saison viticole, je me voyais très seule et Nicolas se sentait terriblement inutile. Notre vulnérabilité nous a brusquement sauté aux yeux. 
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C'est un sentiment assez terrible. Depuis trois ans, nous mettons toute notre énergie et nos efforts à faire grandir notre rêve. Nous pensons toujours qu'arriver à bout de nos projets et de nos tâches n'est qu'une question de volonté. Mais ce n'est pas toujours vrai. Tous les coups durs peuvent faire pencher la balance : grêle, gel, accidents... Notre aventure pourrait s'arrêter tout simplement, car elle dépend de choses qui nous dépassent. Il faut évidemment l'accepter et en tirer les enseignements. Mais je peux vous assurer que ce jour là, je n'ai réussi qu'à pleurer d'épuisement. 

Le soir, nous étions invités à manger chez des amis vignerons. Nous étions un peu secoués, rattrapés par la réalité de notre métier. Ils ont immédiatement proposé de nous aider, de venir conduire le tracteur pour nous, malgré leurs semaines déjà bien remplies. Puis nos amis maraîchers ont fait de même. Nous avons reçu des message de soutien de nos voisins et nos familles : "si vous avez besoin, nous sommes là". Nous avons découvert le service de remplacement, qui propose des salariés en cas de blessure du "chef d'exploitation". Un monsieur absolument adorable et très professionnel est venu traiter à la place de Nicolas. Tout d'un coup, nous nous sommes sentis beaucoup moins seuls, très entourés et très soutenus.

Nous avons finalement embauché pour finir le relevage, Nicolas s'est démené pour trouver des solutions et la phase la plus dure s'est retrouvée derrière nous. Nous avons continué à travailler comme avant, tirant chaque jour un peu sur la corde, car il le faut.
Hier, j'ai reçu cet appel, me rappelant à nouveau à la réalité, "Maya, j'ai une mauvaise nouvelle, le fils de C. est mort, accident de tracteur". Nous sommes vulnérables et fragiles. Il faut le garder en tête. Trouver ce délicat équilibre qui permet d'avancer, de ne pas se laisser paralyser par la peur tout en gardant en tête qu'il faut se ménager, faire attention à nous. Nous faisons un beau métier mais il est aussi dangereux.
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J'y pense souvent, maintenant. Quand Nicolas part en tracteur, dans nos vignes aux pentes fortes, aux dévers marqués et aux tournières trop étroites, quand il fait tellement chaud que nous commençons à nous sentir mal, quand je sens que nous sommes en train de trop en faire. Nous nous mettons sans cesse à nu pour accomplir notre rêve, pour nourrir notre passion, pour faire du vin. J'y pense. Nous continuons à travailler avec entrain et optimisme, mais j'y pense.
Et j'espère que vous y pensez aussi, à chaque fois que vous ouvrez une bouteille, avec vos amis, votre famille, votre moitié. J'espère que vous voyez dans votre verre, dans ces moments de plaisir et de partage, qu'il y a un vigneron qui vous offre tout ce qu'il a, qu'il y a des vies, qu'il y a des drames et qu'il y a des joies.

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- Maya -
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La Calmette en images

4/6/2017

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Après notre première place au concours Vignerons et terroirs d'avenir 2017, organisé par AdVini, Montpellier SupAgro et SupAgro Fondation, une vidéo a été consacrée à notre travail et notre démarche.

Cette vidéo a été réalisée par François Desperriers et d'Aurélien Ibanez, de Bourgogne Live Prod. Nous sommes profondément heureux de la beauté des images tournées dans les vignes et dans la cave, et de l'occasion qui nous est donnée de parler de nos projets et des objectifs que nous poursuivons. 

Si un point vous intéresse ou vous questionne, n'hésitez pas à nous interpeller en commentaire de l'article.
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Saisons

29/3/2017

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Quand je suis rentrée en France après mes enfances tropicales, j’ai découvert avec angoisse l’alternance des saisons. Et j’ai détesté l’hiver pendant dix ans. Quand on vit en ville, on subit le climat, on subit les températures, on subit la pluie. On ne voit rien des subtils changements de la nature et de la lumière. Le déroulement des saisons me faisait juste prendre conscience du temps qui passe. A peine les jours ont-ils fini de rallonger qu’ils diminuent à nouveau. C’était une prise de conscience terrible pour la jeune fille que j’étais, habituée aux jours immobiles, au printemps éternel des montagnes du Mexique. 
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​Depuis que je vis dehors, au milieu de ma campagne Lotoise, que je dépends de la nature pour vivre, j’ai découvert avec émerveillement que chaque saison a un sens, une raison d’être, une beauté propre. Et je me suis mise à les aimer toutes.
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​Le printemps reste un moment magique. Il apporte joie et vie. La nature renaît, et même si c’est complétement attendu de l’écrire, ça n’en est pas moins vrai. On découvre l’alternance des couleurs, les fleurs blanches, puis jaunes, puis violettes noyées dans un millier de verts. Les feuilles sont tendres, les oiseaux reviennent, les insectes aussi. La vigne pousse, le cycle recommence, il faut travailler dur et longtemps sous un soleil déjà chaud. On la voit croître à vue d’œil et soudain elle fleurit, et soudain c’est l’été.
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​L’été. Auparavant, c’était ma saison préférée : celle des grandes vacances, de l’insouciance, des longues soirées sous les loupiottes du mûrier, de la chaleur et de la piscine des copains. L’année dernière, l’été m’a fait souffrir. Les jours longs, combinés à la chaleur et la sécheresse nous épuisaient. Il fallait se lever avant le soleil, pour travailler à la fraîche, puis reprendre le soir, quand les températures s’étaient enfin adoucies. Tout avait soif, les vignes, le potager, le jardin et même les arbres. Mais c’était aussi le temps des amis, des tomates et des baignades dans le Lot. Le temps du vent dans les arbres, du souffle doux qui agite les feuilles où clignotent les étoiles. Les raisins se sont colorés puis ont mûri. Est arrivée l’heure de la récolte.
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 Les vendanges, l’automne, les mûres, les figues et les doigts qui collent. Quelle saison de joie pour les vignerons ! Les raisins sont enfin en cave et nous pouvons souffler. Enfin, c’est ce que je croyais. Plus de risque de grêle, de drosophiles ou de mildiou foudroyant, mais le doute : le vin sera-t-il bon ? En attendant il faut le faire, le bichonner, le protéger. C’est le temps de l’intérieur, les vignerons sont dans le chai.
Lorsque la dernière caisse de raisin est vidée, lorsque la dernière cuve est pressée et que le vin se prépare au calme de l’hiver, lorsque le vigneron aux mains tâchées sort le bout de son nez, la nature lui sort le grand jeu : les paysages flamboient de rouge et de jaunes, les derniers crocus tapissent les allées et le soleil baigne le Lot de sa lumière dorée.  Avant que vienne novembre.
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​Novembre ? Novembre ce n’est pas une saison, me direz-vous. Oui mais voilà, novembre c’est la transition. Les feuilles sont tombées, les sols sont chauds et l’air devient froid, tout n’est plus que nuances de gris, englouti dans le brouillard. La nuit tombe tôt. Novembre est triste. Il est temps de se reposer et la nature sait bien faire passer son message. Nous nous préparons pour le nouveau millésime, car il commence l’hiver.
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​Ma nouvelle saison de joie : l’hiver. C’est la taille. C’est génial, la taille. Nous décidons de l’année qui vient, nous choyons chacun de nos ceps, nous leur souhaitons une vie longue et fructueuse, ils nous le rendent si bien. Nous sommes dehors et je redécouvre la beauté insoupçonnée du froid. Emmitouflée dans mes milles et une couches, j’ouvre des yeux émerveillés. Et pourtant, je ne vois pas l’hiver passer. Les cheminées qui fument au fond de la vallée glacée, le chevreuil qui s’échappe dans le paysage blanc, le soleil du matin au-dessus de la mer de nuages, le soleil du soir qui fait flamboyer les Pyrénées.  
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Mais l’hiver, surtout, c’est l’occasion de voir les amis, d’ouvrir de bonnes bouteilles et de se réunir autour de la chaleur du feu. Les jours sont courts et les soirées longues. Mais tout a une fin, bientôt les jours rallongent et les journées du vigneron s'étirent. Avec les beaux jours, le changement d’heure, c’est la vie qui revient, les bourgeons qui débourrent, le cycle qui reprend.
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- Maya -
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Nature givrée

18/1/2017

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C'est l'hiver.
Depuis début janvier nous sommes heureux. Il fait froid. La vigne en a besoin et nous aussi. Après plusieurs années aux hivers doux, nous avions dû faire face à une forte pression de différents ravageurs, comme on les appelle dans le métier. Les noctuelles et les thrips s'étaient régalés de nos jeunes bourgeons, puis les tordeuses de nos raisins presque mûrs. Comme nous souhaitons éviter les insecticides, nous espérions une longue période de températures négatives pour que les populations baissent naturellement.

D'ailleurs, en parlant d'insectes, nous avons eu une bonne surprise en taillant pour la deuxième année notre parcelle "historique" : nous ne voyons plus de cochenilles. L'année dernière, nous étions assez embêtés car les vignes en hébergeaient des centaines. Certains ceps en souffraient vraiment, avec une chute assez importante de vigueur et beaucoup de fumagine (un champignon qui se développe sur le miellat sucré produit par les cochenilles).
​Nous avons de nouveau le cas sur certaines parcelles récupérées en décembre. Mais nous ne sommes plus inquiets : visiblement une année de viticulture biologique et biodynamique a permis de réguler la population. Nous ne savons pas encore si c'est l'arrivée d'auxiliaires (coccinelles, éphippigères...) qui ont mangé les cochenilles, ou bien si ce sont les extraits fermentés d'ortie, de fougère et de consoude qui ont renforcé la résistance des vignes. Sans doute un peu des deux.  
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Malgré le froid, pas question de rester à la maison : les mois d'hiver sont très chargés pour les vignerons. C'est la période de la taille. Nous devrons ensuite tirer les bois c'est à dire enlever les sarments taillés encore accrochés sur les fils de fer. Puis attacher les baguettes, les longs bois laissés afin de porter les fruits l'année prochaine. Pour cela, nous les entourons sur le fil porteur, le premier fil du palissage. Il nous faudra aussi nourrir nos vignes avec du fumier de vache, changer les poteaux cassés, remplacer certains fils, vérifier les amarres et théoriquement replanter des jeunes pieds à la place des pieds morts. Mais pour cette dernière étape, nous savons que nous n'y arriverons pas cette année. Chaque chose en son temps.
Je vous laisse avec quelques photos prises début janvier, pendant les deux jours de brouillard givrant qui nous ont enchantés.
- Maya - 
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Des pieds et des mains

5/7/2016

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Par la force des choses, nous voici revenus à l’époque du travail des vignes d’avant la mécanisation. En prenant un hectare dès cet hiver, en attendant plus grand, notre idée était de nous lancer, d’apprendre le travail de vigneron et aussi de nous équiper au fur et à mesure de l’année.
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Mais pour s’équiper, pour investir, même d’occasion, il faut des financements. Bancaires, dans notre cas. Malheureusement tout cela prend du temps : il va sans doute s’écouler 3 ou 4 mois entre le premier rendez-vous avec le banquier et le versement du premier prêt. Tenter de faire avancer ces démarches en mai et juin, alors que la vigne demande une attention constante, quotidienne, n’est pas une partie de plaisir. Le temps des dossiers n’est pas celui de la plante. La vigne, elle, pousse, prend le mildiou, pend de chaque côté du palissage, se fait concurrencer par l’herbe. Elle n’attend pas que le prévisionnel économique soit fini pour demander qu’on s’occupe d’elle. Elle grille la politesse à tout le monde. 
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En attendant d’avoir un tracteur, une charrue vigneronne, des outils mécanisés, nous nous adaptons. Il nous reste nos mains et nos bras pour travailler.

Nos meilleurs alliés, ce sont les anciens vignerons du village. Les tracteurs sont arrivés tard à Cahors, en tout cas sur le Causse. Et on trouve aisément des vignerons de 70 ans qui ont travaillé leur vignoble avec des animaux, souvent avec des bœufs, et qui sont fiers de montrer les jougs des différents attelages. Piocher les vignes, couper la cime à la faucille, ils connaissent. Ils ont fait cela plus souvent qu'à leur tour. Alors quand nous allons vers eux pour demander conseil, on sent leur jeunesse remonter à la surface. Des années de mascagne, comme on dit ici, de travail harassant et pénible, mais des années « où l’on savait travailler la vigne ». Sans verser dans la nostalgie de cette époque où les kilos de raisin réclamaient, pour arriver à la cave, encore plus de sueur qu’aujourd’hui, le récit des vignes menées en gobelet, sans palissage, au cheval, alors que chaque ferme possédait aussi un petit troupeau de vaches pour le lait et l’indispensable fumier, est franchement passionnant.
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Le savoir-faire de ces vignerons à l’ancienne est une mine d’or. Dans l’immédiat, nous en retirons pour notre travail des choses très simples : quelle forme de pioche utiliser dans les cailloux du Causse, comment entretenir la lame de sa faucille à la parcelle, de quelle façon restaurer la cage d’un pressoir manuel… Et puis nous prend aux tripes l’envie de retrouver ce goût tombé dans l’oubli, puisqu’aujourd’hui 95% des vignes sont palissées sur des fils de fers ; que les cépages ancestraux Jurançon noir et Valdiguié, qui côtoyaient le Côt, ont été bannis du cahier des charges de l’AOC au profit du Merlot, considéré comme améliorateur. Forcément, cela nous appelle.
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Une vieille parcelle en "gobelet", sans palissage, chez Jérémie Illouz
Mais trêves de rêverie : je vous présente nos outils pour cette campagne 2016.
 
Un pulvérisateur à dos, 22 kg sur le dos lorsqu'il est plein, et des temps de traitements qui se comptent en journées. Nos amis nous avaient prévenus : « vous allez en chier ». C’est vrai. Mais il faut bien cela pour espérer gagner contre les champignons et sauver sa récolte.
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Une cisaille, qui a bien fait rire les anciens : « laissez tomber ça. On va plus vite à la faucille ». Et donc, des faucilles, sorties des granges et des brocantes, aiguisées, prêtes à rogner lorsque ce sera nécessaire…
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Une pioche standard, mal adaptée aux cailloux. Du coup, au vide-grenier de dimanche, nous sommes tombés sur un vieux stock d’outils rouillés, d’où nous avons exhumé des têtes de sarclette et des bigos. Nous les avons emmanché ; je suis sûr qu’elles feront des merveilles
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​Pour presser notre récolte, nous avons aussi trouvé dans la grange de vignerons à la retraite, inutilisé depuis 20 ans peut-être, un vieux pressoir en bois, à cliquet. Il pèse apparemment un poids dingue. Ils nous l’ont cédé, il reste à l’amener dans le chai où nous vinifierons.
Donc voilà : nous sommes en plein dans la convivialité et la réappropriation du geste.
Nous conduisons notre hectare comme un jardin.
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Le point positif, c’est qu’en n'étant plus passé en tracteur depuis un travail du sol au printemps, les sols se sont décompactés et offrent maintenant aux pieds un délicieux aspect moelleux. Probablement aidée également par le passage des préparations biodynamiques, la vie revient, pour notre plus grand bonheur.

Nicolas
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L'orage

16/4/2016

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Le ciel devient noir et blanc, s’arque boute et se déchire à l’infini. La nature rugit sa puissance. Elle nous rappelle que nous ne sommes que de la poussière de roche, rien, une particule dans le tumulte. J’ai toujours trouvé cela si beau, l’orage. Je me souviens, enfant, du bruit du tonnerre qui nous réveillait en pleine nuit, les éclairs blancs dans le ciel tout noir, la pluie froide, dure, sur la peau chaude et humide de la fin de l’été. J’aimais cette beauté brute et sauvage, et la douce panique, aussi, qui nous envahissait. Nous courrions partout débrancher les machines, arracher les prises de téléphone. Une fois où nous n’avions pas été assez rapides, l’alarme avait pris feu. Puis la foudre passait et nous laissait tout frissonnants de tension et d’excitation mêlées. 
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A l’heure où j’écris ces lignes, l’orage est là. Le ciel est devenu sombre en plein jour, à défaut de s’éclairer en pleine nuit comme dans mes souvenirs d’enfant. C’est le troisième en quatre jours. Les deux premiers ont amené avec eux leur lot d’angoisse et de tristesse. Alerte orange grêle. Méteo France a tamponné le grand G sur Cahors cette après-midi. 
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Hier soir, ils n’avaient rien vu venir. La journée avait été chaude et ensoleillée, joyeuse. Nicolas avait remarqué, vers 19h, s’accumuler les cumulonimbus, au loin, du côté d’Agen. Le plateau, à Cahors, a la particularité d’offrir le ciel à celui qui regarde. On voit tous les nuages passer sur la vallée de la Garonne, au-dessus de la Dordogne, filer vers l’Est ou s’accumuler à l’Ouest. Des paysages entiers emplis de nuages. On croirait se noyer dans tous ces horizons. 
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Vers 22h, le ciel se déchirait enfin. Il semblait éclater de tant de lumière. L’enfant en moi se réveillait et je trouvais ça beau. Beau et terrifiant. Puis nous l’avons entendue arriver. La crainte de tous les agriculteurs. Elle prévient avant de frapper, claquant sur la terre, tambourinant sur le sol détrempé. La grêle. Sans pitié. « C’est ça d’être agriculteur, on travaille, on travaille et en un quart d’heure, on a tout perdu » comme dit ma voisine à l’accent d'ici de sa voix chevrotante. 
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Nous n’avons pas tout perdu hier soir, heureusement. Quelques bourgeons se sont volatilisés, ici ou là, arrachés par les noisettes de glace. Ajoutés aux dégâts des escargots, bien nombreux après un hiver si doux, 20 à 30% des petits rameaux ont disparu. Si tôt, la vigne peut encore se remettre…
Mais j’ai surtout perdu mon amour d’enfant et beaucoup de mon insouciance. Et si jusqu’à maintenant je ne réalisais pas encore, je crois bien que j’ai franchi un vrai cap dans notre installation. Hier soir, dans la douleur et l’angoisse, la nuit, à regarder les grêlons tomber du ciel, les prenant, glacés, dans ma main tremblante pour évaluer leur taille, je me suis sentie devenir vigneronne. 
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- Maya - 
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Qu'avons nous fait ?!

7/1/2016

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Cela fait un peu plus d'un mois depuis que nous avons résumé nos mois d'oct-embre. J'ai bien aimé ce post de Nicolas, cela permet de résumer rapidement toutes ces petites choses qui mènent à notre installation et qui ne méritent parfois pas une note entière. Cela nous permet aussi de faire le point : est-ce que nous avançons ? 
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A première vue, la réponse ce mois ci est : plutôt non. Notre petite boule de poil a beaucoup accaparé notre attention et volé notre temps, puis les fêtes de fin d'année sont venues confisquer ce qu'il restait du mois de décembre.
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Mais finalement, en y repensant, le mois de décembre a été actif et très positif. Nous avons fini notre cycle de dix jours de formation (résumé ici) auprès de l'ADEAR. Ces rendez-vous hebdomadaires vont nous manquer : ils nous permettaient de nous sentir entourés, encadrés et surtout portés par l'énergie de tous ces projets d'installation agricole autour de nous.
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Nous avons également recherché activement du foncier, allant une ou deux fois par semaine dans la zone de Cahors pour voir des vignes. Cela nous a aussi permis de rencontrer de nouvelles personnes, de visiter l'un des laboratoires d’œnologie de la vallée, de sillonner encore et encore ce territoire que nous avons choisi et dans lequel nous allons vivre. 
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La grande nouvelle de ce mois, c'est que nous avons trouvé une maison à louer. Nous allons enfin pouvoir vivre sur place, travailler dans les vignes (les nôtres le plus rapidement possible et celles des autres en attendant) et continuer notre prospection. Nous allons surtout pouvoir nous installer quelque part, pour un temps, et sortir nos affaires des cartons où elles dorment depuis six mois. Nous quitterons le Périgord noir avec un brin de nostalgie mais nous faisons ainsi un grand bon en avant.
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Pendant ce dernier mois nous avons également commencé notre prévisionnel économique. Il s'agit de rédiger une comptabilité virtuelle mais la plus proche possible de la réalité pour estimer à long terme la viabilité économique de notre exploitation. Il faut également anticiper les investissement et estimer les différents apports dans le but que la trésorerie s'équilibre, pour ne pas se retrouver le bec dans l'eau au moment de payer les différentes factures. C'est un requis pour demander les aides aux jeunes agriculteurs (la fameuse DJA) et nous tenons de toutes façons à le faire : ce prévisionnel se révélera sans doute assez rapidement obsolète mais il nous permet de poser les bases de notre projet et de mieux prévoir. Cependant c'est un exercice de haute voltige, comment imaginer à quelles charges nous allons faire face ou quel rendement nous allons faire dans les prochaines années ? J'ai parfois l'impression construire sur du vide.

Nicolas s'est rendu, mi-décembre, à son rendez-vous PPP (Plan de Professionnalisation Personnalisé) à la chambre d'agriculture. Cela rentre dans le cadre de la DJA et permet de faire le bilan de compétences d'un candidat à l'installation agricole et de prescrire un programme de formation ou de stages. Comme il possède déjà un diplôme agricole et de l'expérience, il devra se rendre uniquement à un stage de 28h obligatoire pour l'obtention de la DJA. Il va aussi assister à une formation sur le prévisionnel économique, ce qui nous sera très utile.
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Le genre d'erreur que nous aimerions anticiper
Nous avons aussi et surtout commencé à réfléchir à la construction d'un chai. Nous n'avons pas encore trouvé de foncier mais nos pistes les plus intéressantes jusqu'à maintenant concernaient uniquement de la vigne. Nous préférons donc anticiper et démarrer une sorte de cahier des charges de ce qui nous semble indispensable dans un chai et commencer à chiffrer un peu tous les éléments. La bonne nouvelle c'est que du coup, on va aller visiter quelques copains vignerons un peu partout en France pour les bombarder de questions. Le début de l'année 2016 s'annonce très très agréable ! On vous racontera...

​- Maya - 
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Le raisin des copains

24/9/2015

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Nous habitons depuis quelques temps dans un joli département agricole, où les gens parlent encore des vendanges foulées au pied chez les grand-parents, de la parcelle de chênes truffiers qu’ils ont plantée pendant leur temps libre ou de la grande fête familiale de février, quand on tuait le cochon.
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J'aime cette France rurale. Celle des savoirs anciens et des traditions paysannes qu’il faudrait réussir à rattraper avant qu’elles nous échappent. Samedi, pour moi, c’était donc jour de fête. Nous étions invités par un ami, micro-vigneron du dimanche, pour les vendanges. Tout le hameau était réuni comme tous les ans à la même date : la fille du pays qui a hérité de la maison familiale, le voisin anglais, le couple ch’ti installé depuis peu dans la région, les copains auvergnats qui venaient de loin, le grand-père de 95 ans, les enfants et les chiens de chasse.
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Toutes les générations sont regroupées autour d’une journée de labeur, certes, mais aussi et surtout de partage, d’entraide et de grandes tablées. Je suis heureuse de voir les enfants s’amuser à vider les paniers, venir couper du raisin (et en manger la moitié) et grimper sur le tracteur. Je me dis qu’ils repartiront avec le souvenir d’une journée joyeuse et ensoleillée passée dans les vignes plantées par le grand-père, quarante ans auparavant. Celui-là même qui ne voudrait rater l'événement pour rien au monde et qui est venu, béquilles en renfort, nous parler du temps où il avait encore quelques vaches, des noyers et de la vigne et qui nous donne, en anciens francs et avec une précision étonnante, les prix de vente des noix et les salaires de ses deux ouvriers de l’époque.
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A midi, à l’heure de la pause, nous nous attablons autour des plats concoctés par Yvonne, femme tempête à la générosité franche et directe. Sa cuisine l’est tout autant et nous nous régalons de terrine de foie gras aux truffes, de civet de chevreuil et de tarte à la tomme du Cantal. Ce qui m’impressionne dans tout cela, c’est que le repas est quasi-exclusivement produit sur place, "localvore" comme on le précise en riant. Nos amis chassent, élèvent des poules, ont leurs chênes truffiers et leurs vignes, font du miel avec leurs ruches, cultivent leur potager et transforment à tour de bras. Inutile de vous dire que c’est très bon, surtout le vin, qui m’épate par son fruité et sa netteté.
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La lumière de l’après-midi s’étire dans les vignes. Les genoux craquent et les dos raidissent. Je discute avec la voisine et le jeune couple récemment arrivé. Ils ont tous fait le même choix de vie en s’installant ici. Le choix d’une vie plus lente, plus authentique et plus laborieuse. Le choix d’une vie plus proche de la terre et de la nature pour leurs enfants, même si cela veut implique de longs aller-retours à Toulouse chaque semaine pour le mari de l’une, et de tout quitter pour les autres. Le jeune papa regarde autour de lui, sourit en voyant son fils sur la remorque et me dit : "voilà, c’est pour des journées comme celles-ci que je suis venu".
Le soir, le vin de 2014 coule à flots, et l'on se dit qu'on sera là l'année prochaine pour goûter le 2015 tout juste mis à fermenter dans une vieille cuve en bois.
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-Maya -
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Cueillettes d'automne

5/9/2015

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Il n'y a pas encore beaucoup de raisins par ici. Le Sud-Ouest est plus tardif qu'il n'y paraît et le Malbec se fait souvent attendre. Un millésime "normal", les vendanges commencent en octobre. Cette année, elles viennent de commencer. En attendant, on cueille quand même. On cueille, on transforme et on stocke dans les boîtes et les bocaux qui nous permettront de mettre un peu de soleil dans nos assiettes cet hiver. Nous avons de la chance, c'est une année à fruits (mais pas que).
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- Maya -
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Quitter l'Alsace

20/8/2015

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Ça y est, c'est fini. Nous avons tout rangé dans des cartons, demandé aux copains de venir nous aider à charger un camion de location, et nettoyé méticuleusement notre appartement de Kaysersberg. Merci à tous ceux qui sont venus ce samedi nous donner un coup de main : vous avez réussi à transformer la corvée en moment joyeux.
Une journée de route plus tard, nous voilà dans les forêts du Périgord noir.
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la fin d'une partie de Tetris géante.
Je suis content de démarrer un nouveau chapitre de ma vie, mais malgré tout c'est certain que l'Alsace me manquera. 
J'ai aimé l'Alsace pour cette identité si forte, qui nous dépaysait parfois. Je pense par exemple aux drapeaux tricolores aux fenêtres lorsque l'on fête une Armistice ou le 14 juillet, aux traditions gastronomiques qui jalonnent l'année, à la concentration démentielle des sentiers dans les Vosges. Evidemment aussi aux Alsaciens, qui une fois la glace brisée, font sans façons une place dans leur groupe, avec une franchise désarmante et une générosité rare. 
Enfin, le plus passionnant de l'Alsace, c'est cette communauté de vignerons, étonnamment large par rapport au reste de la France, qui tracent leur chemin en bio, en biodynamie, en nature, en vins libres, en conventionnel aussi parfois, qui partagent leurs expériences et qui se serrent les coudes. Un travail en commun de longue haleine, admirable, et qui porte ses fruits car aujourd'hui plusieurs visions du vin d'Alsace coexistent au sein même de l'AOC. Professionnellement, c'est passionnant.

Il y a deux ans et demi, lorsque j'ai annoncé à mes amis que je partais pour Colmar, les réactions étaient de deux types, et l'on pouvait les classer simplement. Ceux qui avaient déjà vécu en Alsace étaient enthousiastes et heureux pour moi. Les autres étaient plus réservés. Je rejoins donc à mon tour le club des initiés prêts à s'acheter n'importe quand un billet de train pour Colmar ou Strasbourg.
Nicolas

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Despedida

27/7/2015

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Nous avons fait notre despedida. Keskecé? 
Comme le dit si bien Larousse.fr:
"despedida : sustantivo femenino
1. [adiós] la despedida, les adieux
2. [fiesta] soirée d'adieux"
Tout cela a l'air bien grave, mais c'était aussi, comme l'a souligné un vigneron au moment des invitations, la soirée célébrant la naissance d'un nouveau domaine. Alors voilà comment nous avons préféré vivre ce moment : pas de larmes et pas d'adieux, mais une grande fête pour le premier jour d'une nouvelle vie.

Merci à tous ceux qui sont venus, que ce soit du début à la fin ou juste pour boire un verre. Merci aussi à tous les autres, qui auraient dû être là, qui l'ont été pendant notre vie en Alsace, mais qui étaient appelés ailleurs. Merci à ceux qui, au milieu d'une dure semaine de travail qui ne s'interrompt jamais, ont tout de même fait la route pour venir nous voir une dernière fois. Merci à toute notre équipe de Touch rugby qui, fidèle à sa réputation, est restée jusqu'à la fin de cette drôle de 3ème mi-temps. Merci à Yannick et Julien, qui sont restés aider jusqu'au bout, et à Mathieu qui a participé à nos fous-rires nocturnes (ou matinaux, vu l'heure). Merci à tous ceux qui ont apporté des bouteilles pour qu'on découvre encore et qu'on ne s'ennuie pas. Merci à ceux qui n'ont pas pu venir mais qui ont trouvé, plus tard, une place dans un emploi du temps bien chargé pour nous voir une dernière fois avant notre départ. Et bien sûr un énorme merci à notre famille alsacienne d'adoption, qui nous a prêté son chai, chez qui nous avons passé tant de moments, qui nous ont tant donné avec générosité, gentillesse et simplicité. 
- Maya -
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Summer is coming...

4/7/2015

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Voilà bientôt une semaine que la chaleur écrase l'Alsace. Je me cache tous les après-midi dans mon appartement aux volets clos. Je pense aux vignerons, aux plantes, à tous ces êtres coincés à l'extérieur. Je me demande comment je ferai, moi, quand je n'aurai plus le choix. Quand il faudra que je me lève à 4:00 du matin pour aller traiter avant qu'il ne fasse trop chaud. Quand j'attendrai sagement 19:00 pour aller palisser dans la toute relative "fraîcheur" du soir. 

Surtout, au-delà de toutes ces considérations, je m'interroge sur l'avenir, quand tous les voyants semblent être au rouge. Comment va-t-on faire face, en tant que paysans, au réchauffement beaucoup trop rapide de la Terre?
Comment choisir dans quelle région s'installer, alors que notre projet s'inscrit dans le long terme, quand on ne sait pas quel climat il y fera dans vingt ans, trente ans, peut-être même dans dix?

Les vignerons alsaciens sont durement touchés par l'oïdium cette année. Comme l'année dernière. C'est pourtant une maladie dont ils n'avaient que peu l'habitude. Les vignes ont soif, aussi. Et il semblent qu'elles auront de plus en plus soif dans les années à venir. Sommes nous fous de nous installer dans ce contexte?

Je me plais à penser que grâce à nos vignes bien tenues, enherbées, biologiques, aux haies que nous voulons replanter, aux arbres que l'on fera pousser, nos quelques hectares "sauvées" du béton, du sol nu, du goudron chaud, nous verserons nos quelques gouttes d'eau sur l'incendie de cette si belle planète Terre.

- Maya -
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Cave ouverte au domaine Binner

22/6/2015

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Nous venons de passer un dimanche fabuleux. Tout près de chez nous, à Ammerschwihr, Christian Binner organisait une grande fête pour célébrer la fin des travaux de sa nouvelle cave.
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Quatre ans ont été nécessaire pour construire, petit à petit, ce bâtiment grandiose et à l'architecture engagée. 2000 tonnes de blocs de grès des Vosges ont été empilés sans béton, la charpente est faite de pins Douglas de la vallée.
Quant au toit végétalisé, il fait le bonheur de Blackie, la chienne du domaine.

Le sous-sol est occupé par les vieux foudres, qui ont l'air de se plaire dans leur nouvelle demeure. Au niveau principal, les pressoirs ont fait place, ce week-end, à des tables et à une grande buvette pour accueillir les visiteurs venus en nombre, parfois en voisins, parfois de très loin.
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Christian Binner a invité pour l'occasion plusieurs de ses amis vignerons. Dans tous les coins, on entend sauter des bouchons. Nous nous délectons des vins d'Auvergne de Vincent Marie, directs, mûrs et rafraichissants. Nous aimons aussi les Pouilly-Fumés d'Alexandre Bain, notamment "Mademoiselle M", élégant et fin, dans une vraie expression de terroir épurée des notes variétales du Sauvignon.
On goûte aussi des vins complétement délirants, comme un Gewurztraminer en méthode traditionnelle de Bruno Schueller.
Dans la salle des foudres, une table de vieux millésimes du domaine Binner prouve la longévité des vins issus de vignes soignées, et vinifiés sans artifices.

Nous faisons une escapade dans le village d'Ammerschwihr, où se tient en parallèle un salon "off" des vins libérés, dans la cour du domaine Geschickt.
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Une quinzaine de vignerons d'Alsace sont là, tous d'une sensibilité bio et nature, et en majorité issue de la jeune génération.
Pour ma part, je prends du plaisir avec les vins d'Hubert et Heidi Haussher, notamment "Aussitôt bue" la bien nommée, et la "Colline céleste", une complantation.
Beaucoup d'intérêt aussi pour les vins du domaine Kumpf-Meyer, où un Pinot blanc frais et léger côtoie un Sylvaner "Restons nature", issu d'une vinification sans soufre et élevé longtemps en vieilles barriques, d'un profil strict et élégant, et qu'on imagine parfaitement à table.

Je goûte enfin les vins de Catherine Riss, ayant tous en commun un style affirmé (c'est pourtant uniquement son 3ème millésime), ainsi que les kvevri de Stéphane Bannwarth, tout à fait atypiques.
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De retour chez Christian Binner, la soirée bat déjà son plein même si la cave, capricieuse, refuse de briser la bouteille qu'on lui lance pour son baptême. Les vins coulent à flots, nous éclusons les délicieux Pinot noir en magnum de Christian, et ses Côtes d'Ammerschwihr, toujours aussi fluides et aussi bonnes.
Nous rentrons chez nous au milieu de la nuit, des étoiles plein les yeux.
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Matin blanc

1/2/2015

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Nicolas
Quelques centimètres de neige sur le clocher de l'église, le Schlossberg et les jointures des pavés de la cour. L'hiver est là.
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