LE SERPENTÀ PLUMES
  • Accueil
  • Domaine
  • Achat en ligne
  • Blog
  • Presse
  • Contact

Vendredis du vin #86 : racines

25/6/2016

3 Commentaires

 
Tous les mois, les blogueurs vinophiles sont conviés à raconter une histoire selon un thème désigné par un président tournant. Pour cette édition, l'auteur du blog EscapadeS a choisi "les vins racinaires". Ça m'a donné envie de faire un petit flashback et plutôt que de vous parler de minéralité ou d’enracinement dans la roche, de consacrer un court billet sur les racines de notre projet. 

Photo
Lorsque nous avons décidé de faire le grand saut et de vivre de notre passion en devenant vignerons, nous savions que nous allions prendre la direction du Sud-Ouest. Une affaire de racines, évidemment : la famille de Maya s’est établie aux confins du Périgord et du Quercy voici trente ans. Quant à moi, après avoir grandi au Pays Basque, le grand Sud-Ouest a toujours été « chez moi ». Les mots occitans ou gascons parfois francisés qui pimentent les anecdotes, les fêtes votives qui jalonnent l’été et le printemps, la cuisine qui ne recule jamais devant la force des ingrédients et qui les assemble pourtant harmonieusement, nos amis et nos familles autour de nous, ce à quoi s’ajoutent des vignes encore accessibles pour des néo-vignerons : quelle autre destination pouvions nous prendre ?
Photo
Pas celle-là

​Le Sud-Ouest mis à part, nous nourrissons depuis longtemps une tendresse particulière pour les terroirs calcaires. Cela tient à rien, cette signature du calcaire : le sentiment fugace de tension sur la fin de bouche, la droiture, la vivacité traçante. La puissance aussi, lorsque par bonheur l’argile s’en mêle…
 
Sud-Ouest, calcaire. Voilà ce qui nous a amené à Cahors un après-midi de décembre. Nous avions lu des commentaires élogieux sur les vins de Fabien Jouves et lui avons rendu visite dans son domaine de Trespoux-Rassiels. Fabien est arrivé des vignes, visiblement heureux de sa journée, et a entrepris de nous faire goûter tous ses vins et toutes ses cuves. 

De Cahors, je ne connaissais globalement que les vins des terrasses quaternaires, que j’avais pu goûter lors de mes études à Toulouse à la fin des années 2000. À l’époque, l’appellation communiquait encore sur le « Vin Noir ». Et effectivement, lorsque nous prenions le métro pour rentrer après une matinée de dégust’, mes condisciples et moi avions les lèvres et les dents bien teintées, attirant sur nous les regards outrés et vaguement réprobateurs des autres passagers de la rame. Les matières de ces vins étaient intenses et soutenues par des élevages sous bois prolongés. Si j’ai goûté des vins issus des plateaux calcaires à l’époque, je n’ai pas su ou pas pu les distinguer.
Photo
​Chez Fabien Jouves, j’ai été surpris par la fraîcheur des trames, la dentelle des tanins et la buvabilité des Cahors d’entrée de gamme. Ses grandes cuvées m’ont plu, bien sûr : le Bloc ou les Acacias sont pour sûr des grands vins. Mais j’ai vraiment apprécié l'interprétation de ce cépage juteux que qu'est le Côt – dites Malbec si vous préférez – dans sa cuvée des Escures et surtout dans celle de la Roque, pour moi un parfait équilibre entre énergie, caresse tannique et persistance.

Photo
​Par la suite, en goûtant et regoûtant dans le secteur, j’ai pu constater que d’autres producteurs du Causse et de la Vallée arrivaient, eux aussi, à capter l’énergie typique de ce cépage fabuleux, qui, à mon sens, n’aime pas qu’on lui triture la peau pendant la vinification.
Je ne crois pas vraiment à l’idée d’un instant décisif, qui change pour toujours une trajectoire, un destin. Toutefois, dans le chevelu racinaire dense et ramifié des causes et des effets, je dois à cet après-midi chez Fabien Jouves, et à la bouteille de La Roque qu’il a dégusté avec nous, cette conviction profonde qu'il était possible de nous installer sur les hauteurs de Cahors et de travailler à élaborer des vins que nous aimerons passionnément.
 
Aux racines de cette aventure que nous racontons mois après mois, il y a donc un peu de ce vin. À présent, nous travaillons des vignes sur ce plateau calcaire qui nous a tant appelé. La floraison se termine, les grains de raisin de notre première récolte sont en train de se former. Mais c’est déjà une histoire de fruits, et plus vraiment une histoire de racines...
Photo

Nicolas
3 Commentaires

Vendredis du vin #84 : l'énergie

1/5/2016

4 Commentaires

 
Le thème mensuel des Vendredis du vin nous a beaucoup plu. Guillaume Deschamps, depuis son blog Roumegaïre, a choisi « l’énergie ».
Et d’expliquer ainsi sa proposition :  
​
​"Quand le concept d’énergie m’est venu à l’esprit, je ne pensais pas du tout au vin, mais aux vigneronnes et aux vignerons. Car de l’énergie il en faut pour produire du vin, il faut même en dépenser sans compter.
De l’énergie, il en faut pour se lancer, pour se dire « ok je deviens vigneron ». En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il faut se découvrir aussi bien ouvrier viticole que tractoriste et agronome ; caviste (dans le sens d’ouvrier de cave), vinificateur, oenologue ; gestionnaire, comptable, juriste, être capable de dialoguer aussi bien avec les douanes (qui contrôlent les mouvements de raisins et de vins, et se chargent de percevoir la fiscalité liée aux boissons alcoolisées) que la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, qui contrôle aussi bien les vins que les étiquettes), le ou les ODG (Organisme de Défense et de Gestion, au niveau d’une appellation), l’interprofession (niveau régional), ou encore l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine, au niveau national) sans parler de la Chambre d’Agriculture, la MSA (Mutuelle Santé Agricole), les diverses formes juridiques d’une entreprise agricole ou de négoce… ; communicant, marketeur, graphiste, organisateur d’événement et surtout commercial."


Evidemment, ça nous a beaucoup parlé, car ces dernières semaines nous avons travaillé sur la plupart de ces sujets : aller travailler nos vignes, passer les préparations biodynamiqus, chercher un tracteur d’occasion, trouver un nom, penser à nos futures étiquettes et à leur présentation.... Quand aux acteurs de la filière listés, nous avons travaillé avec chacun d’entre eux pour nous affilier, créer un numéro d’exploitant, obtenir ou non l’AOC cette année, monter un prévisionnel économique, au milieu d’une multitude d’autres sujets.
Parler d’énergie, au moment où nous consumons la notre sans compter, pour se retrouver épuisés le dimanche soir et recommencer de plus belle le lundi matin, ça nous plaisait.

Mais si nous mobilisons tous ces efforts, c’est par amour de la vigne et du vin, et rien que pour cela j’aborderai ce thème par ce biais. Je voudrais écrire à propos des terroirs qui dégagent une énergie impalpable mais perceptible, quelque chose qui frôle souvent le mystique. Parfois, sous la patte d’un vigneron inspiré, on retrouve dans le vin l’énergie particulière du lieu.
Je pourrai vous parler des plateaux où nous nous installons à Cahors, avec leurs vues immenses, leurs jeux d’ombres et de lumière sous les nuages épars d’un jour comme aujourd’hui, mais tout ceci ne serait pas très objectif. J’aurai pu aussi écrire à propos de la colline de l’Hermitage, qui exerce sur moi une fascination magnétique, mais malheureusement je n’ai pas goûté assez d’hermitages pour pouvoir en parler précisément.
Non : quand je pense au vin et à l’énergie, je pars tout de suite pour l’Alsace. Et à deux terroirs en particulier.
Photo
Avec Denis, sur le Hengst
Le premier, c’est le Hengst, ce grand cru situé au-dessus de Wintzenheim. Hengst, « l’étalon », est un terroir de puissance, de vivacité et d’énergie. Un terroir qui rend dingue de passion les copains qui y travaillent des vignes. On les comprend lorsqu’on s’y rend, pas seulement pour la vue sur la vallée ni pour la beauté des vignes. Quelque chose d’indescriptible, un sentiment devant la force du monde naturel et minéral, que d’autres ont d’ailleurs dû ressentir avant nous puisqu’on trouve en haut du coteau un monolithe celte et une chapelle, où vécut un ermite.
Pour moi, les vins du Hengst, ce sont les Riesling de Christian, Véronique et Denis Hebinger, à Eguisheim. Toujours dans une puissance retenue, dans une finale large, vive et minérale. Des vins sérieux, de réflexion, qui parlent à l’âme et, fidèles à l’esprit du lieu, qui ne peuvent s’apprivoiser qu’après avoir laissé leur prime jeunesse derrière eux. 
Photo
 
L’autre terroir, c’est le Bollenberg, une grande croupe calcaire entre Rouffach et Issenheim. C’est le terroir solaire par excellence, un endroit où les millésimes de sécheresse ne pardonnent pas. Mais quand il pleut assez, cela justifie tous les efforts déployés les mauvaises années. Cette colline aussi est un lieu sacré depuis longtemps : les celtes y célébraient un culte solaire, les mérovingiens y établirent une nécropole, la communauté chrétienne y construisit une chapelle. Et depuis toujours on raconte que des sorcières se rassemblent au sommet pour y fêter le sabbat.
Nous, c’est le vin qui nous y a appelés. L’endroit est vraiment extraordinaire, et par ailleurs, il en sort de fabuleux pinards. Nous y sommes montés un soir avec une bouteille de Riesling d’Eric Litchlé, un vigneron de Gueberschwihr, un village plutôt éloigné du Bollenberg, mais quand le terroir est passionnant, on ferait pour lui de nombreux kilomètres en tracteur. 
Photo
Photo
 N'appelez pas la SPA, c'est bien nous qui l'avons bue. Vous pouvez par contre nous en offrir, c'était la dernière.
Nous nous sommes installés au-dessus de la parcelle en question et avons lentement bu la bouteille. Le vin était pur, cristallin, avec une puissance solaire sur la trame acide du calcaire, et une finale de pierres chaudes. La nuit était belle, tiède et étoilée. Nous y avons passé la nuit. Aucune sorcière ne s’est montrée. Ce soir-là, c’était nous qui célébrions le sabbat au sommet du Bollenberg.

Nicolas
4 Commentaires

Vendredi du vin #81

29/1/2016

3 Commentaires

 
Le thème de ce mois-ci a été choisi par Veronique, du Mas Coris. Elle nous invite au voyage avec "les vins StarWorld" et une question très simple : Quel vin emmenez-vous lorsque vous partez hors de vos frontières ?

Alors là, j'ai beau tourner et retourner ça dans ma tête, j'ai du mal à trouver. Je choisis souvent les vins en fonctions des personnes avec qui je vais les partager ou du lieu où je pars : un rouge du Languedoc ne sera pas forcément l'ami des tropiques et un amateur de vin nature n'appréciera pas forcément un sauternes un peu classique.
Par contre, à force de réfléchir aux quilles que j'ai emmenées en vadrouille, j'ai fini par me rappeler d'une histoire de partage de bouteilles, d'avion, de bagages et de voyage avorté.
Photo
Mais où se cache donc cette bouteille ?!
Nous étions tout juste arrivés à l'aéroport de Bâle, en partance pour une destination exotique, à l'époque où nous habitions encore en Alsace. Un homme, la cinquantaine, cheveux blancs et chemisette à carreaux, s'approche de nous. Il parle anglais avec un accent américain, sa femme se tient quelques pas derrière lui. Il nous explique qu'il a bien profité de ses vacances alsaciennes et de la route des vins, qu'il a même trouvé quelques bouteilles à rapporter en souvenir, deux, pour être exact. Malheureusement, il n'a pas pensé aux nouvelles règles de sécurité, ou il ne savait pas, ou il avait oublié (ou il sentait pas bon), enfin voilà : il a enregistré ses valises, et ses bouteilles sont restées dans son bagage à main. Il veut nous les offrir, nous qui avons encore nos valises, afin qu'elle ne soient pas perdues.
Immédiatement je repense à toutes les fois où l'on entend des voix douces nous expliquer qu'il ne faut pas accepter des objets d'inconnus dans les aéroports : est-ce un piège, ou une proposition tout à fait honnête? L'homme a l'air franc, un peu naïf et sincèrement peiné pour ses bouteilles.
Je me dis alors qu'il est vraiment bien tombé, faire une telle proposition à deux buveurs de vin ! Quelle aubaine, pour lui comme pour nous. J'espère juste qu'il a bon goût et je pense à l'autre risque que j'encours : boire un mauvais vin. Puis je me souviens de notre destination : l'Iran. De tous les pays où nous aurions pu aller, il faut que l'on nous fasse une telle offre alors que nous partons dans un endroit où nous ne pouvons pas introduire d'alcool ! 

Alors voilà notre histoire de vin star qui voyage : un vin inconnu qui n'est finalement jamais parti. Il a fini dans le sac d'un homme qui avait entendu toute la conversation et qui habitait en Suisse. Nous ne le goûterons jamais, les Iraniens non plus, et nous ne saurons jamais le nom du vigneron... de quoi alimenter le fantasme !
Photo
Une bouteille? Quelle bouteille?
- Maya - 
3 Commentaires

VdV #80 : le vin aux poils

27/11/2015

0 Commentaires

 
Le sujet des Vendredis du Vin de ce mois de novembre a été proposé par David Farge, le taulier d'Abistodenas : après le thème de la peau, on s'élève de quelques millimètres pour raconter une histoire de "vin de tout poil".
Allez, sautons à pieds joints dans le calembour vaseux : ce thème est pile-poil dans notre actualité personnelle.
Je le sais en tant que lecteur : ce qui est intéressant dans un blog, c'est d'entrevoir l'intimité de l'auteur au travers de ce qu'il raconte. C'est un exercice délicat : trop, on tombe dans un certain malaise, pas assez et cela devient pénible et froid. Aujourd'hui, je ne sais pas si l'on va réussir à rester debout sur ce fil tendu, mais notre thème à nous, ce sera : "le vin pour la boule de poils".

Depuis une dizaine de jours, nous avons accueilli chez nous une petite chienne de 3 mois, Stella. Une croisée que nous espérons rustique et prête à aller crapahuter dans les forêts et dans les rangs de vignes.
Photo
Noire et agitée comme une nuit d'orage, elle est en train de nous en faire voir de toutes les couleurs. Alors on essaie de lui donner les bases de la vie en société. Histoire qu'elle sache bien se comporter avec les enfants et avec les bacs de plantes aromatiques...

Pour fêter son arrivée, nous avons ouvert une quille que nous avions envie de boire depuis longtemps. Le Clos, du domaine Milan, dans sa version 2005, qui arbore une étiquette... parfaitement dans le thème.
Photo
A l'ouverture, nous avons été bluffés par la jeunesse du vin. Comment, un 2005 ? Nous avons découvert un vin dans la fleur de l'âge, avec de la force et du maintien. Derrière un grand éclat de fruits (cassis, griotte confite), on peut percevoir des nuances  plus sages et plus nobles : le cèdre, le cacao, le piment séché. La bouche, surtout, surprend par son déroulement, entre une attaque charnelle et une finale assez ferme. Aimable et impétueux, doux et turbulent. Un grain de folie derrière une gueule d'ange. A la mesure de l'être à qui nous avons trinqué. Un vin avec du chien. Un vin au poil !
0 Commentaires

    Sur ce blog,

    nous vous raconterons  mois après mois notre chemin de jeunes vignerons et ses nombreux détours.

    Archives

    Décembre 2024
    Août 2022
    Juillet 2021
    Avril 2021
    Janvier 2021
    Août 2020
    Novembre 2019
    Juillet 2019
    Septembre 2018
    Juillet 2018
    Juin 2018
    Février 2018
    Décembre 2017
    Septembre 2017
    Juin 2017
    Avril 2017
    Mars 2017
    Février 2017
    Janvier 2017
    Décembre 2016
    Novembre 2016
    Octobre 2016
    Septembre 2016
    Août 2016
    Juillet 2016
    Juin 2016
    Mai 2016
    Avril 2016
    Mars 2016
    Février 2016
    Janvier 2016
    Décembre 2015
    Novembre 2015
    Octobre 2015
    Septembre 2015
    Août 2015
    Juillet 2015
    Juin 2015
    Mai 2015
    Avril 2015
    Février 2015
    Janvier 2015

    Catégories

    Tous
    Bonnes Quilles
    Installation
    La Vie D'ici
    On Y Retournera
    Poésie Du Quotidien
    Vadrouilles
    Vendredi Du Vin
    Vigne & Vin

    Flux RSS

Services

Boutique
Blog
Contact

Nous

Le domaine
Revue de presse

Support

 Protection des données personnelles / RGPD
Conditions générales de vente
Mentions légales
© COPYRIGHT 2015-2024. ALL RIGHTS RESERVED.