LE SERPENTÀ PLUMES
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Les vendanges chez Maya et Nico - partie 1

21/10/2016

3 Commentaires

 
Pour ce billet consacré aux vendanges, nous laissons la plume à notre amie Marie, qui a passé à nos côtés toute cette période intense.

Je n’avais jamais « fait les vendanges ». Pourtant, j’ai longtemps vécu dans le sud-ouest où, à la fin de l’été, la plupart de mes amis partaient travailler dans des vignobles perdus au fin fond de la campagne brûlante. Ils en revenaient généralement ravis et fourbus, avec un bon lot d’anecdotes à partager. Je les enviais un peu, même si l’idée de trimer sous un soleil de plomb entre les vignes calmait rapidement mes ardeurs.
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Les années ont passé et je ne pensais plus que l’occasion se présenterait de nouveau. Jusqu’à ce que Maya et Nicolas me proposent de venir passer quelques jours chez eux pour « faire les vendanges ». Curieux comme cette expression impersonnelle peut devenir une affaire extrêmement sensible lorsqu’on y regarde de plus près. C’est d’ailleurs cette histoire que je vais raconter. ​

​Moi, Marie, apprentie vendangeuse

Je suis depuis un bon moment maintenant l’amour de Maya et Nicolas pour le vin et réciproquement (et de manière réciproquement réciproque jusqu’à que la mort les sépare). J’ai vu se développer leur projet de créer un jour leur propre domaine. J’ai vu ce rêve prendre forme lentement, puis devenir, un après-midi, tout à fait concret.
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Démesurément enthousiaste à l’idée de descendre du train à Cahors cet après-midi-là, Maya me récupère à la gare et nous filons rejoindre Nicolas au chai qu'ils louent à quelques kilomètres de là. Arrivée à destination, j’aperçois d’abord des vignes, puis une jolie maison, qui jouxte une installation agricole. Je passe la tête dans le vaste local. Le sol est peint en rouge bordeaux. Pas de grande surprise ici: des petites cuves sont alignées sur le mur du fond, des néons éclairent un matériel rutilant, tandis que des bassines et des tuyaux reposent paresseusement le long de la paroi opposée. 
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​Je suis officiellement en terre agricole inconnue, moi la parisienne élevée en ville. Et je réalise soudain quel fantastique tournant a pris la vie de mes deux amis. Je comprends aussi que les vendanges auxquelles je vais participer sont particulières: je vais ramasser avec mes petites mains des raisins auxquels Maya et Nicolas ont consacré toute une année. Pas de pression.
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Prudent, le couple de vignerons a d’abord voulu se faire la main sur un hectare de vignes avant de sauter dans le grand bain et prendre en charge 6 hectares supplémentaires l’année prochaine. Cette année, nous récolterons donc la moitié d’un hectare de Malbec le jeudi 29 septembre. Nous vendangerons l’autre parcelle le samedi suivant, le Merlot n’étant pas encore mûr. Famille, collègues et voisins ont répondu à l’appel et le premier jour des vendanges est salué par l’arrivée d’une quinzaine de personnes à 8 heures tapantes. 

La fine équipe vendange le Malbec

​Des filets de brumes s’étirent encore entre vignes et les coteaux rosés par l’aube lorsque Maya prend la parole. Rassemblés tout autour, nous l’écoutons détailler quelles grappes récolter et comment les couper. La tâche s’annonce plus ardue que prévu: il faut expliquer pourquoi ne pas récolter les grapillons fermes et acidulés, ni les grappes ayant poussé sur un pied mort, et éviter les feuilles mortes. Mais il ne faut pas trop en dire non plus! Une bonne majorité des participants n’en est pas à sa première vendange mais les autres restent d’enthousiastes et frétillants novices débordant de questions. C’est évidemment mon cas et j’enchaîne les « pourquoi » plus que de raison. Comme toujours lorsque Maya ou Nicolas sont interrogés sur les pratiques de vinification, les réponses sont construites, pointues… et passionnantes!
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Dans les vignes

Ma curiosité temporairement satisfaite je me saisis de l’épinette que Maya me tend, j’emprunte des gants et file dans la rangée qu’elle me désigne. J’échange quelques blagues avec mes voisins de sécateur, une heure passe… et je me surprend à rêver du déjeuner de midi. Je m’ennuie déjà! Je ne m’en sens absolument pas coupable, mais je comprends que déguster des bonnes bouteilles, et écouter Maya et Nico dérouler leurs palettes de saveurs avec passion restera mon activité favorite des vendanges. 
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À partir de là, certains co-vendangeurs pourront se rappeler de mes nombreuses réclamations sur la longueur des pauses et l’avancement de l’heure du déjeuner. D’où une première observation: s’il nous a tous fallu de la patience pour venir à bout de cette première parcelle d’un demi hectare de Malbec, j’ai du mal à envisager le labeur que représente la récolte de 20 hectares de raisins. 

Je suis encore à peser cette première considération lorsque mon seau plein, je crie « Seaaaauuuuu ! » suffisamment fort pour que le porteur vienne m’en procurer un autre, vide. Je me réjouis d’avoir autant de pouvoir lorsqu’un des copains de Nicolas, le dénommé Kiker, me retire mes raisins et les transvase dans une caisse sur le petit tracteur. Prêté par Roger, le propriétaire du chai que louent Maya et Nico, le petit tracteur à cheminée passe entre les rangées de vignes avec sa remorque en bois pour débarrasser les vendangeurs de leur cueillette. Keuf keuf ! La machine se révèle très utile pour remonter les pentes, même si un virage un peu trop serré a failli envoyer par terre une quinzaine de caisses! Le drame a été évité de justesse, grâce à la réactivité de Kiker. Moment héroïque qui lui vaudra de rester assis sur les caisses de raisins à chaque remontée, comme un cowboy traversant le grand ouest, cahotant à bord de sa roulote. 

Retour au chai : les grappes passent dans l’érafloir

Je passe sur le déjeuner, qui fut délicieux, et j’en viens directement à l’érafloir. Si le nom aurait pu faire rougir de plaisir un juge d’application des peines au Moyen-âge, les novices doivent cependant comprendre qu’il s’agit d’une machine utilisée pour séparer les grains de raisin de la grappe. Une espèce de tapis roulant, la sauterelle, conduit ensuite les grains séparés de la rafle, c’est à dire la partie végétale de la grappe, directement dans la cuve.
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​Alain, Thierry et Nicolas déversent les caisses de raisin dans un réceptacle situé sur la partie supérieure de l’érafloir. Une grosse vis sans fin, aussi appelée vis d’Archimède (coucou Wikipedia!), pousse les grappes jusqu’à un dispositif de petits doigts de fer articulés qui détachent plus ou moins violemment les raisins de leur rafle.
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Porter les caisses, évacuer les rafles, veiller à ce que les raisins atteignent bien la cuve est bien plus physique qu’il n’y paraît surtout lorsque presque tout est fait à la force des bras. Bref, il n’y a pas trop de trois hommes au chai.
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Quatre aller-retours en camionnette viennent à bout de notre vendange du jour et nous nous retrouvons tous en fin de journée pour le nettoyage des caisses et des machines. Je ne peux pas, cette fois-ci, me réfugier derrière mon appareil photo et m’atèle au nettoyage des caisses avec Lyne, la mère de Maya. Malgré tous nos efforts, un jet d’eau ne vient pas à bout si rapidement que ça de trente caisses en plastique. Il faut les rincer méticuleusement et ensuite les faire sécher. Toujours au jet d’eau, il faut ensuite laver l’érafloir et la sauterelle. On dévisse. On revisse. On réassemble. Tout le monde est mouillé, fatigué et surtout déconcerté. Personne ne s’attendait à poursuivre le travail après cette journée de récolte!
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Le repas des guerriers

​Le travail a été harassant, mais Nicolas et Maya, aidés de leurs parents aux fourneaux, ont prévu de quoi nourrir notre fine équipe! Le menu, 3 étoiles, est particulièrement savoureux, et je suis ravie de revenir à mon activité préférée des vendanges: la dégustation de bon vin, en excellente compagnie. 

​A suivre...
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Texte et photos : Marie Pecquerie
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3 Commentaires
Thierry
24/10/2016 20:13:29

Quel bon moment !
Bravo pour ce billet qui n'en oublie pas une goutte !

Répondre
Forgeois
24/10/2016 22:04:17

Vite la suite, c'est très bien écrit. Merci

Répondre
Olivia
25/10/2016 00:12:01

Bravo Marie!!! Très belle plume! Ton récit transcrit bien l'atmosphère des vendanges. Ca donne envie de faire partie de l'aventure et de goûter le vin de Maya et Nicolas!!!!

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