Comme dans beaucoup de secteurs du plateau de Cahors, nous évaluons la casse dans nos vignes à 25 ou 35% des bourgeons, selon le pied et selon aussi là où l'on se trouve dans la parcelle. Nous ne sommes pas les plus à plaindre, certains ont été plus durement frappés. Chez nous, ce niveau de dégâts est sérieux sans pour autant constituer une catastrophe.
Les commentaires à l'article de Maya ont été nombreux sur les réseaux sociaux, notamment de la part d'autres vignerons, qui évoquaient l'aspect "initiatique" de la première grêle. D'autres collègues (comme Nicolas Lesaint ici et ici) ont également écrit sur cette sensation de fragilité et de perte. Nous nous sommes sentis moins seuls. Nous avons aussi mieux compris cette sensation hébétée, déprimée, qui a suivi l'orage et la constatation des dégâts.
Pour nous guérir nous, autant que pour essayer de panser les vignes, nous avons préparé un traitement "maison" à base de tisane et de macération de plantes. L'objectif : renforcer les pieds blessés et relancer leur croissance. Un jour après, nous étions donc dans les rangs, pulvérisateur au dos. Ça nous a pris de longues heures mais nous en sommes sortis plutôt rassérénés. Et nous n'avons plus évoqué la grêle. A présent, les contre-bourgeons commencent à pousser par endroits. Nous espérons que dans deux semaines, la grêle ne sera qu'un mauvais souvenir, seulement perceptible par l'absence des rameaux qui manqueront sur les pieds.
Côté démarches, tout s'accélère.
Nous avons déposé les statuts de l'entreprise. C'est une procédure assez simple, un formulaire à remplir, plus un autre pour l'ACCRE, qui se fait au centre de formalités des entreprises de la Chambre d'Agriculture. En dix minutes, c'était fait, il fallait juste cocher les bonnes cases concernant les options fiscales (bénéfices agricoles et régime TVA). Le centre de formalités se charge ensuite d'informer la MSA, les Impôts, etc. En fin de compte, recevoir le numéro d'identification SIRET de son entreprise est aussi un vrai rite initiatique. Le projet acquiert une certaine légitimité, en tout cas une existence légale...
Le dernier rite de la semaine était d'aller voir les banques pour présenter notre projet et commencer les recherches de financement de la production. Nous sommes en plein dedans et c'est un sujet vraiment complexe. Ce sera certainement l'occasion d'un article à part entière.
Pendant ce temps, le temps se réchauffe, il pleut à peu près un jour sur deux. Un temps idéal pour le mildiou. Entre les multiples étapes de l'installation, il faudra protéger les vignes le mieux possible, avec les moyens que nous avons en ce moment : notre cher pulvérisateur à dos.
Evidemment, nous devons au plus vite nous équiper : un tracteur, du matériel de culture... Tous les voisins nous en parlent à présent, et c'est vrai que c'est urgent, mais pour cela nous devons avancer auprès des banques. En ce moment, tous les dossiers doivent avancer de front. Comme le veut l'expression consacrée : nous avons du giga-pain sur la méga-planche.
Nicolas