C'est dit, pour Noël, cher Quetzalcoatl, je voudrais :
*saupoudrée de paillettes roses, de bonhommes en sucre et de second degré C'est la période qui veut ça : tous les blogs que je lis publient en ce moment des idées et ouiche-listes de cadeaux. Alors, pourquoi le serpent à plumes ne descendrait-il pas aussi de la voute étoilée pour faire pleuvoir des montagnes de paquets sur nos petites têtes? C'est dit, pour Noël, cher Quetzalcoatl, je voudrais : - Des vignes, pas beaucoup, quelques hectares, ça peut toujours servir - Un tracteur, ni trop lourd et ni trop gros et qui fonctionne encore si possible - Des cuves et un pressoir, ça nous dépannerait bien, le temps venu - un joli chai de Noël (les barriques, c'est pas obligé, mais si t'en as une ou deux en rab', je te débarrasse) - des outils, et en double s'il te plait, parait qu'il faut les emmener sur le tracteur pour ne pas rentrer à pied en cas de panne - de belles rencontres et des bonnes bouteilles, pour cimenter tout ça Merci serpent à plumes, au revoir, bisous. - Maya -
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Mardi, nous avons terminé le cycle de formation l’ADEAR du Lot, « Mûrir son projet d’installation agricole ». C’était l’heure du bilan pour les 16 participants qui se sont retrouvés tous les mardis depuis 10 semaines. L’heure de l’émotion aussi, de dire au revoir à nos collègues dont nous avons vu les projets grandir : cinq maraîchers, un couple d’éleveurs de chèvres, un couple d’éleveurs de canards gras, un apiculteur, deux spiruliniers, un futur paysan en polyculture-élevage et un porteur de projet agrotouristique. Les uns ont trouvé et acheté un terrain en bord de Lot pour du maraichage, les autres ont aménagé une chèvrerie et repris un petit troupeau, un autre enfin a déposé les statuts de son entreprise. Ce serait très fastidieux de résumer en quelques lignes les 70 heures de formations. Nous avons évoqués tour à tour : - le parcours à l’installation - le partage vie privée / vie professionnelle - le territoire lotois - la construction du prévisionnel économique - l’agriculture biologique et les autres labels - la recherche et la structuration juridique du foncier - les statuts sociaux, fiscaux et juridiques de l’activité agricole - l’agriculture paysanne - le financement du projet - enfin, mardi dernier, nous avons présenté notre projet en détail devant le groupe. Katy, l’ingénieur agro en charge de la formation, nous a accompagné pendant ces 10 semaines et nous avons profité de son recul, basé sur les nombreux projets qu’elle a vu éclore. Les formations ont donné lieu à des visites de fermes en rapport avec le sujet du jour. Des intervenants extérieurs, comme l’AFOCG ou Terre de liens, sont venus apporter leur expertise particulière. Ces jalons réguliers pendant l’automne nous ont motivé pour avancer, structurer les projets, concrétiser les idées. Enfin, au fur et à mesure des sujets abordés, nous avons pris conscience des choix évidents qui s’imposaient à nous. Il y a certes une multitude de statuts et de possibilités, mais lorsqu’on y confronte son projet, tout s’éclaire. Je serai plus précis dans quelques semaines ou quelques mois, lorsque nous remplirons nos dossiers d’installations aidés, lorsque nous choisirons des statuts (je cherche encore comment rendre cela rock n’ roll). Nous savons aussi sur quels axes nous devons absolument travailler. Dans notre cas, c’est sur le prévisionnel économique : quel matériel devons-nous acheter pour démarrer ? À quel prix ? Comment le finançons-nous ? Nous allons donc rendre visite, ces prochaines semaines, à des jeunes vignerons, récemment installés et dans des schémas similaires… et puis nous allons remplir des tableaux Excel. L’ADEAR est une association liée à la Confédération Paysanne, avec pour mission de favoriser les installations agricoles et l’emploi rural. Ce lien n’est jamais caché, mais il n’y a pas pour autant de tentation d’imposer la vision de l’agriculture défendue par la Conf’. Le suivi est adapté au projet de chacun, sans parti pris. Personnellement, je trouve que les formations de l’ADEAR complètent extrêmement bien le travail d’accompagnement de la Chambre d’Agriculture. Nous allons retrouver nos collègues de formations fin février pour une soirée de travail autour des projets collectifs. Les projets de chacun d'entre nous auront sans doute encore mûri. Nous aurons des choses à nous dire ! Nicolas Note : pour de sombres raisons esthétiques, ce post sera illustré par des affichages poétiques S’installer en viticulture, ou plus généralement créer une entreprise, demande de se poser plein de questions au préalable. Ou bien les autres le feront à votre place et il vaut mieux avoir une réponse dûment argumentée. Lorsque nous rencontrons des personnes intéressées par notre projet, ils finissent inévitablement par nous demander : « vous cherchez plutôt un domaine ou juste des vignes ? ». Pour nous, il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse à cette question, chaque option ayant ses avantages et ses inconvénients. Nous avons visité de très beaux domaines à vendre, avec des vignes entourant la maison, un chai, un hangar pour les tracteurs, tout le matériel. Nous n’avions plus qu’à poser nos valises et franchement, ça fait rêver. La plupart des agriculteurs, surtout en élevage, estiment qu’il est plus simple de vivre au milieu de sa ferme. On y gagne beaucoup en temps de travail et c’est sans doute un grand avantage pour la vie de famille. Par contre, l’investissement est souvent important au départ, surtout dans notre région où la pierre est si belle. Le chai n’est pas toujours conforme à nos besoins, notamment si le cédant faisait du vin en vrac et avait de trop grandes cuves. Il faudrait donc ajouter une somme conséquente pour adapter l’outil de production, ou se conformer aux choix réalisés par quelqu’un d’autre dans une structure et à une époque différente de la nôtre. Enfin, les charges de telles structures sont assez élevées, il y a souvent des travaux à faire, sans parler des taxes foncières sur des bâtiments existants mais parfois à l’abandon. L’option d’acheter des vignes seules permet, quant à elle, de se concentrer sur l’essentiel. On visite les parcelles, on regarde si une transition rapide vers le bio est possible, l’état général et les manquants, et c’est tout. Il y a plus de vignes à vendre que des domaines entiers et la surface est plus adaptable, les cédants acceptant souvent d’en vendre qu’une seule partie car un voisin aimerait l’autre. C’est surtout moins cher dans cette région, où la terre coûte peu et la pierre beaucoup. Par contre, c’est juste la partie émergée de l’iceberg. L’investissement semble plus faible au départ mais il y a tout à faire et à construire. Au delà des sommes à débourser ensuite pour le chai, le hangar et le matériel, cela veut dire qu’il faudra bricoler au départ, s’adapter constamment, trouver un local où vinifier en attendant de construire… Pour en avoir discuté avec des vignerons ayant fait ce choix, cela peut vite s'avérer épuisant. Par contre, on est libre. Libre d’imaginer l’outil tel qu’on le rêve, avec pour seule limite la réalité économique. En ce qui concerne la maison d’habitation, c’est simple : il n’y en a pas. On perd l’immense confort d’habiter sur son lieu de travail, de n’avoir que quelques pas à faire pour aller arrêter le pressoir, vérifier que les cuves sont bien fermées ou à la bonne température. D’un autre côté, pour nous qui nous installons « hors cadre familial », nous pensons évidemment au jour ou nous devrons céder notre outil de travail, que ce soit à nos descendants ou à un parfait inconnu. Cela nous rassure de savoir que nous aurons notre maison à nous, à l’écart, qui n’aura rien à voir avec l’exploitation et que nous pourrons garder. Nous pensons aussi à cette frontière, si nécessaire mais si ténue dans le monde agricole, entre vie privée et professionnelle : l’élargir de quelques kilomètres se révélera sans doute assez agréable. Il y encore une troisième option : celle de planter des vignes. Il faut savoir qu’une vigne commence à produire du raisin vers la troisième ou quatrième année et il faut encore un ou deux ans pour produire et vendre le vin ; nous préférons donc acheter des vignes déjà en production. En plus, une vieille vigne donne de meilleurs raisins qu’une jeune, les vins sont plus sages et plus profonds. Enfin, dans la zone que nous avons choisi, l’investissement est plus important quand on plante une vigne que quand on l’achète. Voilà donc où nous en sommes. La recherche de foncier est parfois longue et difficile. Cela permet de se poser plein de questions, de peser les options, pour le jour où il ne faudra pas laisser passer notre chance. - Maya - Reprenons notre série de billets sur l'installation agricole. Pour plus de clarté, cette note sera exclusivement illustrée par des photos d'arbres à contre-jour. Au début d'un projet d'installation agricole, lorsque l'on est comme nous dans la phase de recherche d'une terre pour se mettre au travail, se pose immédiatement une question : veut-on louer, ou bien acheter ? Louer une terre, c'est faire "du fermage". Le propriétaire loue ses terres, ou ses vignes, ou n'importe quelle autre culture, à un agriculteur qui entreprend de les mettre en valeur. Les loyers sont encadrés par l'Etat, via la préfecture de chaque département, qui les réévalue chaque année selon la qualité de la terre et la région agricole. Par exemple, en 2015, dans notre coin, des terres nues de qualité se loueront entre 121 et 135 euros. Pour des surfaces en vignes d'appellation, ce sera entre 420 et 700 euros. Il y a également des modulations selon la durée de location, mais on s'en tiendra là. Il était autrefois possible de payer en denrées, en nature. C'est encore possible aujourd'hui, mais uniquement pour les cultures pérennes. Dans le cas des vignes, il faudra donner entre 6 et 10 hL par hectares au propriétaire. L'encadrement de la location de terres par l'Etat s'applique aussi aux durées de location, aux baux. Parmi les multiples baux, un des plus importants est le bail rural. Il dure 9 ans, tacitement reconductible, et ne nécessite pas de passer devant un notaire. En fait, il ne nécessite même pas de contrat écrit : s'il y a travail de la terre et paiement, c'est cette disposition qui s'applique. Le renouvellement, à chaque fois pour une période de 9 ans, est quasiment automatique. Les motifs de non renouvellement sont peu nombreux : reprise d'exploitation, arborisation, non-exploitation par le locataire. Cependant, pour sécuriser son bail pour une plus longue période, on peut utiliser d'autres baux : sur 18 ans, sur 25 ans, voire de carrière, qui s'arrêtera à la retraite du locataire. Ces baux nécessitent de passer par un notaire. La location agricole est une option assez sûre. Les baux sont très protecteurs pour les locataires et les problèmes sont rares. Pourtant, certains agriculteurs perdent leurs fermages avant l'heure : parce que le propriétaire active son droit de reprise au bout de 9 ans, ou par une entourloupe sur le plan du droit rural. Certains aussi voient l'herbe de leurs prés fauchée par un voisin parce que le propriétaire a "changé d'avis". C'est extrêmement rare, mais cela arrive. Quand c'est le cas, les personnes hésitent à poser un recours devant le Tribunal des baux ruraux : c'est mal vu, c'est lent, c'est compliqué. On préfère utiliser son énergie pour trouver d'autres terres, ou se reconvertir : abandonner l'élevage de brebis, faute de prairies, et devenir paysan-boulanger, par exemple. Et puis il y a l'achat. C'est une méthode plus directe et plus onéreuse sur le court terme. L'achat doit se faire devant notaire, et il faudra également se soumettre à l'arbitrage de la SAFER. Cette instance est une société anonyme, dont les actionnaires sont les organisations professionnelles agricoles (dont la FNSEA, comme syndicat majoritaire) et les collectivités territoriales, doté d'une mission d'intérêt général : favoriser l'installation des agriculteurs et l'agrandissement des exploitations trop petites pour être viables. En bref : maintenir les terres agricoles et les attribuer à des agriculteurs. Pour des nouveaux arrivants comme nous, c'est parfois une source de stress de penser que la SAFER pourrait bloquer le projet, et opter plutôt pour l'agrandissement des voisins. Le rôle de la SAFER est assez central dans les installations, nous en reparlerons immanquablement bientôt... De notre côté, c'est bien l'achat que nous privilégions. Louer nous paraît une option intéressante, mais seulement pour compléter un îlot central en propriété. C'est important pour une culture pérenne comme la vigne, où l'on est constamment en train de préparer l'avenir lointain (par la taille, par le remplacement des pieds morts, etc.). Certains viticulteurs louent l'ensemble de leurs terres ; ils sont rares, et souvent en cave coopérative. Personnellement, pour construire une gamme de produits, équiper un chai, convertir des parcelles en viticulture biologique, entreprendre des changements culturaux, nous voulons nous sentir chez nous. Savoir que nous pouvons prévoir sur le long-terme. A la question du début de l'article, quand nous répondons "Acheter, en priorité", voilà tout ce que ça implique d'analyses et de sous-entendus. Nicolas Plus d'infos sur les baux sur le site de Propriété rurale et sur les prix des fermages sur Service-public.fr
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Notre domaine
Le domaine de la Calmette est situé à Trespoux-Rassiels, sur le plateau qui surplombe Cahors : entre ciel et terre, les pieds dans le calcaire du causse et la tête dans les nuages.
Sur ce blog,nous vous raconterons mois après mois notre chemin de jeunes vignerons et ses nombreux détours.
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