S’installer en viticulture, ou plus généralement créer une entreprise, demande de se poser plein de questions au préalable. Ou bien les autres le feront à votre place et il vaut mieux avoir une réponse dûment argumentée. Lorsque nous rencontrons des personnes intéressées par notre projet, ils finissent inévitablement par nous demander : « vous cherchez plutôt un domaine ou juste des vignes ? ». Pour nous, il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse à cette question, chaque option ayant ses avantages et ses inconvénients.
Nous avons visité de très beaux domaines à vendre, avec des vignes entourant la maison, un chai, un hangar pour les tracteurs, tout le matériel. Nous n’avions plus qu’à poser nos valises et franchement, ça fait rêver. La plupart des agriculteurs, surtout en élevage, estiment qu’il est plus simple de vivre au milieu de sa ferme. On y gagne beaucoup en temps de travail et c’est sans doute un grand avantage pour la vie de famille.
Par contre, l’investissement est souvent important au départ, surtout dans notre région où la pierre est si belle. Le chai n’est pas toujours conforme à nos besoins, notamment si le cédant faisait du vin en vrac et avait de trop grandes cuves. Il faudrait donc ajouter une somme conséquente pour adapter l’outil de production, ou se conformer aux choix réalisés par quelqu’un d’autre dans une structure et à une époque différente de la nôtre. Enfin, les charges de telles structures sont assez élevées, il y a souvent des travaux à faire, sans parler des taxes foncières sur des bâtiments existants mais parfois à l’abandon.
En ce qui concerne la maison d’habitation, c’est simple : il n’y en a pas. On perd l’immense confort d’habiter sur son lieu de travail, de n’avoir que quelques pas à faire pour aller arrêter le pressoir, vérifier que les cuves sont bien fermées ou à la bonne température. D’un autre côté, pour nous qui nous installons « hors cadre familial », nous pensons évidemment au jour ou nous devrons céder notre outil de travail, que ce soit à nos descendants ou à un parfait inconnu. Cela nous rassure de savoir que nous aurons notre maison à nous, à l’écart, qui n’aura rien à voir avec l’exploitation et que nous pourrons garder. Nous pensons aussi à cette frontière, si nécessaire mais si ténue dans le monde agricole, entre vie privée et professionnelle : l’élargir de quelques kilomètres se révélera sans doute assez agréable.
Voilà donc où nous en sommes. La recherche de foncier est parfois longue et difficile. Cela permet de se poser plein de questions, de peser les options, pour le jour où il ne faudra pas laisser passer notre chance.
- Maya -