Nous sommes hébétés mais heureux, chaque vin est soutiré, assemblé et prêt pour la mise en bouteille. La cave est propre, le sol mouillé, les foudres brossés, le matériel désinfecté. Et surtout, les vins nous plaisent, ils sont délicieux. Nous sommes fiers de nous et de notre équipe, nous avons bien travaillé.
Et prier pour qu’il ne pleuve pas et qu’il ne fasse pas trop chaud, car la mise se fait dehors, une belle ironie pour nous qui scrutons le ciel depuis des semaines en espérant de l’eau.
Nous y sommes presque. J’ai hâte et j’ai peur. Je croise les doigts pour que tout se passe bien. Je chéris mon corps, pour qu’il tienne le choc, je repose mon esprit, car j’aurai beaucoup à penser les jours prochains. Je profite de chaque instant de joie, comme hier soir, bien à l’abri dans mon foudre, à le frotter, le remercier, le choyer et le respirer (ça sent si bon !), sans savoir si j’allais pouvoir en sortir tellement j’avais eu du mal à y rentrer, dans ce petit cocon tout frais après une journée écrasante de chaleur, ces moments suspendus, calmes où tout semble avoir du sens, nos vies et ce métier qui dur et si beau, que nous avons choisi.