Notre quatrième jour de vendanges, hier, a été rude. Avec uniquement deux cépages, de même époque de maturité, sur une même commune, il arrive toujours un moment où tout est mûr en même temps! Et lorsque c’est le cas, que la magie opère, que les raisins concilient fraîcheur, aromatique, beaux tanins, alors c’est la course, il faut se dépêcher car après, c’est trop tard. Alors on coupe, on coupe, et à la cave, il faut traiter tout ce raisin mûr avec le même soin que les petites journées.
Un autre défi à relever, c’est que notre chai se trouve à 11km du vignoble. Nous vendangeons tout en caissettes de 18 - 20 kg, et une camionnette fait sans cesse des navettes. Cela demande beaucoup d'organisation et des rotations fluides, ça ne doit pas bloquer !
Nous avons été cueillir les raisins de notre grande parcelle de Merlot, et ceux de la fin des Vignes Noires, deux parcelles complémentaires qui nous permettent de faire du Serpent à plumes : le Merlot apporte la rondeur et le fruit, les Vignes Noires la tension calcaire.
En milieu de matinée nous avons également trouvé le temps d’aller aux Lapins, ma parcelle préférée, dont la maturité était parfaite, ni trop mûre, ni pas assez. C’est une vigne que j’adore, une des plus vieilles du domaine, des vieux ceps de 45 ans, équilibrés, sereins, apaisants. Je m’y sens vraiment bien. L’année dernière nous l’avions vinifiée à part, pour faire du Trespotz, mais cette année nous avons malheureusement des rendements très bas et nous sommes obligés d’assembler des parcelles dès les vendanges, car nous ne remplissons pas les cuves…
Alors que nous étions aux Lapins, nous avons reçu des journalistes du JT régional de France 3 pour un court reportage sur les vendanges à Cahors.
Ce soir je suis un peu fatiguée, c’est le cinquième jour de coupe, et nous avons quasiment fini. Nous allons mettre, cette année, deux fois moins de temps à vendanger que l’année dernière. Il y a peu, très peu dans nos vignes et nous sommes encore étonnés de la vitesse à laquelle se déroulent les vendanges. Il y a bien sûr tout le travail de taille et d’ébourgeonnage réalisé, qui nous facilite la cueillette, et l’équipe de vendangeurs est aussi très douée. Mais clairement, si nous allons aussi vite, c’est que la récolte est petite, grappes et grains.
Sous le chaud soleil de cette fin septembre, les raisins évoluent très rapidement et les parcelles mûrissent en un éclair. Aujourd’hui jeudi, nous sommes allé cueillir notre parcelle des Pièces Longues, la bien nommée, avec ses onze rangs longs de 250 mètres. C’est une parcelle entourée d’arbres, qui lui donnent de l’ombre et de la fraîcheur l’été, et cette année cela lui aura été très bénéfique. Ici, aucun passerillage, le stress hydrique a été moindre, et les raisins délicieux.
Ils sont, d’ailleurs, à l’image du millésime : d’une concentrations affolante, avec une acidité vive, nerveuse même, mais parfaitement mûre. L’été sec, l’alternance jour chaud / nuit froides, la faible charge, tout concourt à des équilibres intenses. Le jus est d’un noir d’encre et, cette année encore, Cahors ne dérogera pas à sa réputation : la légende dit que l’on peut mettre moitié d’eau et moitié de vin dans un verre, et que ce sera toujours aussi sombre ! Nous vous dirons si c’est vrai dans quelques jours, nous ne devrions pas tarder à faire notre fameuse et authentique piquette (photo avec explications plus bas) 😉