Une journée de route plus tard, nous voilà dans les forêts du Périgord noir.
J'ai aimé l'Alsace pour cette identité si forte, qui nous dépaysait parfois. Je pense par exemple aux drapeaux tricolores aux fenêtres lorsque l'on fête une Armistice ou le 14 juillet, aux traditions gastronomiques qui jalonnent l'année, à la concentration démentielle des sentiers dans les Vosges. Evidemment aussi aux Alsaciens, qui une fois la glace brisée, font sans façons une place dans leur groupe, avec une franchise désarmante et une générosité rare.
Enfin, le plus passionnant de l'Alsace, c'est cette communauté de vignerons, étonnamment large par rapport au reste de la France, qui tracent leur chemin en bio, en biodynamie, en nature, en vins libres, en conventionnel aussi parfois, qui partagent leurs expériences et qui se serrent les coudes. Un travail en commun de longue haleine, admirable, et qui porte ses fruits car aujourd'hui plusieurs visions du vin d'Alsace coexistent au sein même de l'AOC. Professionnellement, c'est passionnant.
Il y a deux ans et demi, lorsque j'ai annoncé à mes amis que je partais pour Colmar, les réactions étaient de deux types, et l'on pouvait les classer simplement. Ceux qui avaient déjà vécu en Alsace étaient enthousiastes et heureux pour moi. Les autres étaient plus réservés. Je rejoins donc à mon tour le club des initiés prêts à s'acheter n'importe quand un billet de train pour Colmar ou Strasbourg.