Alors là, j'ai beau tourner et retourner ça dans ma tête, j'ai du mal à trouver. Je choisis souvent les vins en fonctions des personnes avec qui je vais les partager ou du lieu où je pars : un rouge du Languedoc ne sera pas forcément l'ami des tropiques et un amateur de vin nature n'appréciera pas forcément un sauternes un peu classique.
Par contre, à force de réfléchir aux quilles que j'ai emmenées en vadrouille, j'ai fini par me rappeler d'une histoire de partage de bouteilles, d'avion, de bagages et de voyage avorté.
Immédiatement je repense à toutes les fois où l'on entend des voix douces nous expliquer qu'il ne faut pas accepter des objets d'inconnus dans les aéroports : est-ce un piège, ou une proposition tout à fait honnête? L'homme a l'air franc, un peu naïf et sincèrement peiné pour ses bouteilles.
Je me dis alors qu'il est vraiment bien tombé, faire une telle proposition à deux buveurs de vin ! Quelle aubaine, pour lui comme pour nous. J'espère juste qu'il a bon goût et je pense à l'autre risque que j'encours : boire un mauvais vin. Puis je me souviens de notre destination : l'Iran. De tous les pays où nous aurions pu aller, il faut que l'on nous fasse une telle offre alors que nous partons dans un endroit où nous ne pouvons pas introduire d'alcool !
Alors voilà notre histoire de vin star qui voyage : un vin inconnu qui n'est finalement jamais parti. Il a fini dans le sac d'un homme qui avait entendu toute la conversation et qui habitait en Suisse. Nous ne le goûterons jamais, les Iraniens non plus, et nous ne saurons jamais le nom du vigneron... de quoi alimenter le fantasme !